To Jean-Jacques Ampère (fils d'Ampère)   16 juillet 1827

[325]Paris, ce 16 juillet 1827
Mon cher frère,

[La lettre commence par un mot d'Albine][hand: Albine]Avant que papa commence la lettre qu'il va t'écrire, q je lui ai demandé qu'il me l'a donne pour que j'y mettre un petit mot en attendant que je t'en écrive une longue. Je te dirai qu'il y a bien longtemps que tu ne m'a écrit, il y a à peu près deux mois. Je te prie lorsque tu auras un petit moment de me faire une lettre la plus détaillée possible. Eliza m'a dit il y a une dizaine de jours qu'il y avait \a/ très longtemps que tu ne lui a écrit alors je me suis chargée de te gronder et de t'engager à ne plus mettre de retard à lui donner de tes nouvelles. Tu sais que la girafe est arrivée le 30 juin ; tout Paris est sur pied pour la voir, en un seul jour le pont du jardin du roi a fait 650 francs de plus qu'à l'ordinaire, on la promène tous les jours depuis dix heures jusqu'à midi dans l'École botanique, et depuis une heure jusqu'à cinq heures on entre [326] avec des billets dans l'Orangerie qui est dans ce moment la maison de la girafe , mais il est plus agréable de la voir se promener dans l'école de botanique que de la voir sans l'Orangerie, Comme elle ne remue presque pas dans quand elle y est on croirait qu'elle est empaillée si elle ne ruminait pas continuellement. Ma tante et ma cousine me chargent de te faire bien des amitiés et t'embrassent de tout leur cœur. Adieu mon cher frère je t'embrasse de tout mon cœur et je suis avec amitié ta chère sœur. Albine Ampère. [hand: André-Marie Ampère]J'ai reçu ta lettre du 6 juillet, hier 15, je me dépêche de t'écrire à Copenhague, où tu n'oublieras pas de voir M. OErsted de ma par[t] et de lui dire tout ce que tu jugeras de mieux. Tu sais que c'est lui qui a ouvert la carrière où j'ai marché. Le pauvre Fresnel est mort avant-hier 14 juillet à Ville-d'Avray, où son enterrement a lieu aujourd'hui. Je n'ai pu y aller à cause que je suis juré à la Cour d'assises et justement le sort m'a favorisé, je me trouve libre et j'en profite pour t'écrire ; mais [illisible] ce n'est qu'à dix heures qu'on a tiré au sort, et il aurait fallu être à Ville-d'Avray dès 9 heures. [327] Comme, d'après une lettre précédente, je croyais que tu irais d'abord à Stockholm, je t'y ai déjà écrit il y a plusieurs jours ; tu y trouveras cette [lettre] qui en contient une autre de M. Olivier pour l'aumônier de la princesse royale de Suède, qui a beaucoup cultivé les langues scandinaves et en a fait une traduction, dont je te prie, dans cette lettre, de m'apporter deux exemplaires ; tu verras pourquoi. Il y a aussi une note de M. Izarn pour deux savants suédois. M. Izarn est ici. Tu n'oublieras pas de voir à Stockholm, de ma part, MM. Berzélius et Arfwedson , je ne sais comment ce nom s'écrit. Je pense que quelques conversations avec l'aumônier de la princesse sont précisément une des choses qui se rapportent immédiatement au but de ton voyage. Tu me feras bien plaisir de m'écrire toutes sortes de détails sur le Danemark et la Suède. Ces deux pays, le dernier surtout, sont, pour moi, de grands objets de curiosité. Le sol, l'aspect du pays, les villes, le caractère des habitants, les effets du gouvernement si remarquable de la Suède, tout m'intéresse sur ce pays. Il y a aujourd'hui une élection à l'Institut pour remplacer M. Ramond. M. Berthier, le minéralogiste, a tous les droits possibles ; mais il est bien à craindre qu'on [328]fasse un choix ridicule. Sais-tu si la pièce des Proverbes au château, dont l'Amour africain de Mérimée fait partie, est toute de lui, déguisé sous le nom de Mlle Desrosiers. Cela m'a paru devoir être, mais je n'ai pas cru pouvoir le demander à ceux qui le connaissent, parce que cela n'a pas réussi. Tu as probablement vu l'article du Globe sur cette pièce et sur celle de M. Arnaud qui a eu plus de succès, quoique, à en juger par le Globe, ce ne soit qu'une demi-copie d'Adélaïde Adieu, cher et bon ami, tous ceux que tu aimes ici vont bien. Tout à toi. A. AMPÈRE

À monsieur monsieur J-J Ampère poste restante à Copenhague [illisible] Royaume de Danemark

Please cite as “L10,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L10