From Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   23 mars 1802

[133]Du Mardi matin [23 mars 1802]

Mon bon ami je reçu ta lettre dimanche, tous les détails que tu me donnes m'ont fait grand plaisir ; mais je voudrais encore savoir si tu as beaucoup de monde à ton cours. Toujours mon cousin et ma tante me demandent si tu travailles à ton ouvrage et je n'en sais rien. Dis moi quelque chose là-dessus. Pour moi, je veux te tranquilliser sur ma santé. Je ne sais comment tu n'as pas compris que tout va comme cela doit aller. Mais c'est trop peu de chose pour faire diminuer ma grosseur. Le beau temps, la campagne me feront peut-être du bien. Je ne parle pas de l'air de Bourg ; car, malgré mon projet d'y aller, il se pourrait bien que je ne pusse pas. Car, mon bon ami, que faire de notre pauvre petit ? Je n'ais plus de fille[134] et je sens qu'avec le sommeil d'Elize et sa santé, maman aura bien de l’embarras avec une seule bonne [illisible] c'est le seul parti que je puisse prendre à moins que je ne fusse passer la semaine sainte à Poleymieux pour l'accoutumer à ces dames. Car tu penses bien que ce pauvre petit ne serait pas bien avec des personnes qu'il ne connaît pas et je ne serais pas du tout tranquille. Enfin mon bon ami je pense que le temps arrangera tout mais ne te fais pas un plan décidé de mon départ car bien des raisons pourraient m'empêcher de partir malgré mon envie. Il est venu deux personnes voir notre appartement qui n'en veulent pas [illisible] ce n'est pas ma faute, parce que, M. Petetin ni M. Martin ne m'ayant ordonné[135] aucun remède, je n'aurais pas besoin de rester pour les faire. Mais ma pauvre maman voulait que je fusse prendre les eaux de Charbonnières ; elle en espérait un bien et tout est renversé. Dis moi si tu auras besoin de l'autre globe, je crois que oui mais je n'ose pas le renvoyer sans te le demander.

Adieu mon bon ami, adieu, je t'écris toujours à la hâte [illisible] Je fus l'autre jour chez Mlle Alard en tenant mon petit par la main, la Marie avait été se faire confirmé. Je le portais de temps en temps mais il y avait des moments où il ne voulait ni la main ni du porter. [illisible] Il me regardait alors d'un air tout résolu [illisible] qu'il tenait bien ferme sous son bras et s'en allait en courant ce qui me faisait trembler. En Bellecour il fait la même chose[136] à Marie, hier il est tombé et s'est fait bien mal au nez. Adieu mon bon ami, adieu, écris moi toujours tous ce que tu fais, le résultat de tes leçons, je ne vois pas d'inconvénient à loger avec toi, tu es sur les lieux, tu sauras mieux que moi ce qu'il faut faire mais sans cette permission [illisible] car il faut que ce soit bien peu de temps à case de mon petit. [illisible] Adieu, adieu, écris-moi sur du papier plus mince et serre un peu plus tes lignes ! Tes lettres sont si pesantes avec ce gros papier ; elles coûtent toutes 8 sols et j'ai vu que les miennes n'en coûtent que 4. Que cela ne t'empêche pas de m'écrire de gros paquets ; ce n'est que pour le papier que je te dis cela et j'aime trop ton journal pour que tu m'en prives mon pauvre ami, tu aimes donc bien tes cravates Je te trouve bien pastoral d'aller lire mes lettres dans les prés. J'ai bien peur que tu ne les sèmes en chemin et que tout ce que je te dis ne tombe sous les yeux du premier venu. Si je te connaissais plus soigneux, combien je te dirais de jolies choses ! [illeg]

A Monsieur Ampère, professeur de physique.

Please cite as “L100,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 19 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L100