From Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   26 mars 1802

[137]Du Vendredi matin [26 mars 1802]
Mon bon ami,

J'ai reçu ta lettre ce matin par Pochon et Marsil en reçu une hier par la poste avec celle du préfet. Tu lui dis que tu m'expliques la manière dont il faut t'envoyer le mercure et je n'ai reçu rien encore [illisible] Je viens d'envoyer Pochon, il a fait dire que la caisse du globe était toute brisée en chemin et qu'il l'avait jeté.

[138] Tu me dis mon bon ami de me déterminer, après avoir bien consulté jusqu'à présent, tu sais que M. Petetin n'a rien dit. Je le consulterai cette semaine et, d'après ce qu'il me dira, je me déterminerai d'une manière ou de l'autre. [illisible] Si je me décide, je remettrai à Pochon, non pas un lit jaune, mais deux matelas, et puis la Perrin nous trouvera bien un pliant à acheter. [illisible] Et voilà bien tout car je penses que nous nous ferons apporter à [139] manger et que nous n'aurons pas besoin d'un grand ménage, quelques serviettes et une ou deux nappes pour tes draps. Je suis bien fâchée de ne pouvoir pas t'en envoyer, il ne vaut pas la peine de faire un paquet pour cela quand nous en allons faire d'autres la semaine prochaine. Pour ce que tu demandes à Marsil, sois tranquille.

Mon bon ami sur ma santé je t'ai déjà marqué que j'en suis à[illisible] mais pour cela je ne suis pas plus forte. Je ne dors pas beaucoup, je mange peu et je maigris à ce que l'on me dit. Ne conclus pas de tout ça que je suis plus malade, il y a si longtemps que j'éprouve les mêmes choses que si l'on pouvait s'accoutumer au mal, je devrais l'être[140] [illisible] je suis mon bon ami tout comme tu m'as laissé un peu plus de soucis que cet hiver car cette place là bas, l'appartement ici que personne ne vient voir, et tant d'argent que j'ai fondu à payer ce que nous devions, je ne donne plus depuis ton départ que pour le [illisible]. Maman ma bonne mère s'est emparé du ménage mais je dois à Françoise.

Je ne sais pourquoi je te parle de tout cela, je ne m'en occupe cependant pas toujours. Mon petit tout en me donnant de la peine me distrait beaucoup. Hier nous sommes, toute la famille Périsse, élise et moi, allés voir cet écuyer que je devais aller voir avec toi. Je m'amusais beaucoup de voir l'adresse de tout [141] ces jeunes enfants et je te regrettais souvent. Je suis bien fâchée que tu n'aies pas été au spectacle. Nous aurions tous deux quelque chose à nous raconter. Mais tu iras bientôt pour me dire comment tu le trouves Adieu, mon bon ami, je t'envoie un chapeau, tu auras soin de le tenir dans sa boîte et d'y mettre le petit morceau de planche pour lui donner une bonne forme. Tu trouveras tout ce que j'ai pu imaginer pour boucher les [illisible] de cannelle et du sucre [illisible] mal à ton aise c'est ton remède de fromage raffiné d'orange qu'il faut vite manger et du papier, une lettre de Balanche et tes deux livres. Adieu mon bon ami, adieu J'aurais plus envie aujourd'hui qu'à l'ordinaire de te dire bonjour. J'ai quelque chose qui m'étouffe et, si je pleurais un peu, cela me ferait grand bien en te disant que je t'aime bien tendrement.

[142]Je suis contente et je pleure. Cela me fait du bien, mon bon ami. Ta femme est tout ennuyée d'avoir une santé qui s'accorde si peu avec son caractère, qui serait de toujours faire ce qui se présente sans penser aux suites. Mais il faut se résigner et attendre tout du temps. Notre petit se porte très bien, fais donc comme lui c'est ce que je désire et que je demande tous les jours car si tu étais malade là base que deviendrais-je ? Je ne te dis pas combien il m'en coûte de laisser mon pauvre petit, mais je serais bien aise d'être avec toi. On ne peut pas avoir tout à la fois, tu le sais bien, mon pauvre ami, toi qui es loin de tous tes amis et qui n'as que la physique pour te consoler.[143] C'est donc toi qui fais toujours ces vilaines drogues, qui souffles tes charbons, qui piles toute la journée ! Tu n'as donc pas plus de temps qu'ici et ton pauvre livre est au crochet. Ah, que c'est ennuyeux, quelle sotte chose pour moi ! Mais tu aimes la physique de Bourg, tu as tes raisons ; je ne les désapprouve pas. Ainsi il faut prendre patience et nous réjouir de pouvoir bien nous parler à Pâques de tout ce que nous avons dans l'âme, adieu mon fils fini ma lettre avec cette pensée qui me met une [illisible] de rose dans l'esprit. Je te répète d'être tranquille sur mon compte[144] et vendredi tu sauras ce que M. Petetin aura ordonné

Adieu, adieu maman se porte bien à présent, elle t'embrasse, Elize est toujours [illisible]

Au citoyen Ampère professeur de physique à l'école centrale du département de l'Ain à Bourg.

Please cite as “L101,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 24 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L101