To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   4 avril 1802

[1023] Du Dimanche 4 avril 1802

\Je viens de retrouver la lettre que je croyais perdue à la poste, elle était dans mon bureau, je l'ai brulée/ J'ai reçu en arrivant hier ici, ma bonne amie, une lettre de toi qui m'a attendri singulièrement. Je l'ai trouvée bien douce à mon cœur, cette lettre, et elle m'a fait regretter plus encore de m'être si tôt séparé de toi. On m'avait dit que les examens ne duraient au plus qu'une semaine, et voilà qu'ils ne seront finis que mercredi ou jeudi, en sorte que j'aurais pu rester à Lyon jusqu'à mercredi. J'aurais battu tout le monde de ce qu'on ne m'en avait pas averti, quand j'ai su cette nouvelle.[1024] Mais M. Clerc en est bien content, parce que j'assisterai à l'examen de ses élèves de mathématiques, qui commencera demain. J'ai fait ce matin le compte de mon argent et je me suis assuré que je n'avais rien perdu, ni oublié aucune dépense.

Mon voyage m'a coûté juste 3 l[ivre]s 16 s[ols] : savoir 2 l[ivre]s 4 s[ols] pour la diligence, et 1 l[ivre] 12 s[ols] pour souper et coucher à Neuvilleles-Dames. Je suis arrivé à Bourg à 9 h[eures] et demie du matin (2). Recommande, je t'en prie, à Marsil de s'assurer chez M. Gambier que tout sera prêt pour jeudi, de ne pas oublier[1025] de tout envoyer vendredi, et \surtout les objets de/ [illisible] la petite note que j'ai laissée sur le bureau du grand magasin du fond. Je te prie aussi d'y joindre eux entonnoirs de verre de différentes grandeurs dont il fera joindre le prix, 10 s[ols] ou 12 s[ols], à l'une de ses factures. Dis à M. Amassant, en le payant, que mes dents ne tiennent pas du tout et branlent sans cependant pouvoir tomber, mais que j[e] l'irai trouver à Pâques po[ur] qu'il les range. Il est très important qu'il le sache tout de suite, pour qu'il ne l'attribue pas à des accidents survenus d'ici là.

N'oublie pas de m'envoyer[1026] le petit paquet que j'ai laissé sur ta cheminée, du papier d'exemple, et du papier à lettre si celui de cette lettreci te paraît trop gros et te coûte trop de port. Adieu, ma bonne et charmante amie, ton mari t'embrasse bien tendrement ; mais il est bien fâché que ce ne soit pas d'aussi près que ces jours derniers. Je t'aime, je t'aime. Je voudrais bien que tu me donnasses des nouvelles du petit, de sa joue et de son bras.

A Madame Ampère-Carron, maison Rosset, n° 18, grande rue Mercière, à Lyon.

Please cite as “L103,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 18 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L103