From François Clerc   14 septembre 1808

Le 14 septembre 1808
[1094]Mon cher ami

Le lycée de Lyon a présenté, cette année, au concours pour votre École, six sujets que M. Francoeur a jugé admissibles ; ce sont  : M.M. Garet, Bonie, Lavaure, Laurencet, Cardon et Littardy. M. Francoeur nous a dit que les deux premiers étaient sûrs d'être admis, mais que M. Lavaure était douteux. Ce serait pour lui un grand malheur et pour le lycée une grande affliction, s'il n'était pas reçu. C'est pour la seconde fois qu'il se présente ; c'est un bon sujet, forte tête et qui fera son chemin. Outre le 2e prix de mathématiques transcendantes qu'il a eu cette année, il a mérité, d'après l'avis de tous les élèves du lycée, un prix accordé par M. le proviseur à celui qui, par eux, serait jugé le meilleur sujet  ; enfin, il est conscrit, et partira pour l'armée si vous le recevez. Il a déclaré à M. Francoeur que sa mère, car le père a été victimé par la Révolution, ne pouvait pas payer la pension. Il a dit vrai, mais que cette raison ne[1095] vous empêche pas de l'admettre. Il a un oncle, frère de sa mère, qui se chargera de toute dépense. D'après la connaissance que j'ai du jeune homme, d'après l'avis de M.M. Roux et Mottet, j'estime que quoique reçu dans un très bas rang, il s'élèvera vite à un haut niveau et sera un des meilleurs sujets de l’École. Soyez-lui favorable, mon cher ami, et croyez que vous aurez à vous en louer. On ne parle plus de l'université impériale. Quand vous jugerez qu'il en sera temps, vous ne m'oublierez pas auprès de M. Delambre. M. de Champagny, proviseur de notre lycée, m'a promis ses bons services auprès du Grand Maître. Nous espérons que M. de Champagny sera recteur, M. Roux inspecteur et M. Mottet proviseur ; si cela arrivait, j'aurais de la latitude pour ce que je demande. Donnez-moi de vos nouvelles et ne me laissez pas ignorer ce qui dans votre École et dans l'organisation[1096] future de l'instruction publique pourra intéresser soit les élèves que je dirige, soit moi-même. Je vous écris d'Orgelet, département du Jura ; je suis dans ma famille. Mais je serai à Lyon dans huit jours  ; en conséquence, vous me répondrez à Lyon. M. Mottet président de l'Académie de Lyon a rendu un fort beau compte des travaux de ses membres pour 1808. Vos mémoires y ont été mentionnés, comme ils le méritent, d'une manière extrêmement honorable. Je vous embrasse de tout mon cœur. Votre ami, pour la vie, Clerc.

[1097]A monsieur Ampère, professeur d'analyse à l’École impériale polytechnique &c., à Paris. Rue Cassette n°22, proche de Saint-Sulpice.

Please cite as “L1041,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L1041