To Frédéric Cuvier   8 octobre 1813

[hand: André-Marie Ampère] [14]Vendredi 8 8bre [octobre] 1813

Mon bien cher ami, Je vous écris ce petit billet à l'instant de mon départ pour Nogent, afin que vous n'oubliiez pas la promesse que vous m'avez faite d'y venir dîner après-demain. J'ai d'autant plus regretté que cette partie ait manqué aujourd'hui, qu'il a fait assez beau, et que j'ai eu beaucoup de chagrin depuis vous. C'est de vous, qui m'avez montré tant d'amitié, que j'attends quelque consolation. Je sens que votre seule présence dimanche prochain, et nos conversations sur le sujet dont nous nous occupons tous les deux, me feront tant de bien. Je serai absolument seul ce jour là, et rien ne pourra troubler les épanchements de l'amitié et les discussions dont j'ai déjà retiré tant de profit quand vous m'avez fait part de vos idées. Celle de ce matin m'a tellement[15] entraîné que j'ai tout à fait oublié que vous m'aviez promis de me faire voir M. La Treille, pour avoir les renseignements sur la chenille de la vigne qui m'ont été, comme je vous l'ai dit, demandés par un Genevois digne par son mérite, très distingué, que nous lui procurions la connaissance de ce qu'il désire savoir, et qui est à la fois agriculteur et métaphysicien. Je joins ici la copie de sa note, afin que, s'il vous était possible de voir d'ici là M. La Treille, vous me fissiez le plaisir de m'apporter à Nogent ce qu'il vous en aura dit. Mais dans tous les cas, venez me voir dimanche. C'est au nom de l'amitié que vous voulez bien avoir pour moi que je vous le demande en grâce. Adieu, excellent ami, je vous aime et vous embrasse de toute mon âme. A. Ampère. °. Où la teigne de la vigne dépose-t-elle ses œufs ? est-ce en terre, ou sur les rameaux et les tiges de la vigne ? °. Les œufs de ce papillon éclosent-ils deux fois dans l'année ? Dans le midi de la France on aperçoit la chenille au mois de mai dans la grappe du raisin. Elle coupe les pédoncules des fleurs. En la prenant avec son fourreau de fleurs, et la renfermant dans une boite, on obtient aisément le papillon.

Mais en outre, à l'époque de la maturité du raisin, il paraît une chenille très semblable à la précédente. Elle pique le raisin, et elle a disparu ordinairement quand on vendange. Si la teigne déposait ses œufs en terre, des labours par la gelée pourraient-ils la détruire ? Si la chenille de la maturité était la même que celle de la floraison, [illisible] détruirait - ou pas[16] en vendangeant tout un canton de vignoble lorsqu'elle est encore dans la grappe. Cette année, ces insectes ont détruit plus du tiers de la récolte.

A Monsieur Frédéric Cuvier, au Jardin des plantes, à Paris

Please cite as “L1047,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L1047