From Claudius Empaire   14 juillet [1805]

[373]le 25 messidor, 14 juillet [1805 ?]

J'ai été, mon cher ami, comme je te l'avais promis, chez M. Lambert que je n'ai pas pu trouver. Mais M. de Férus me dit qu'il allait faire un petit voyage et qu'il reviendrait de lundi en huit, ce qui sera le 25 juillet. Je laissai ta lettre pour qu'on la lui remit, parce qu'il ne devait rentrer que très tard et partir de très grand matin.

Parlons un peu, bon ami, de ce qui nous est cher à tous, et dont il a fallu se séparer. Je ne serai point comme ceux qui disent qu'il faut éviter d'en parler pour parvenir à faire oublier ; au contraire, il faut qu'elle soit si bien gravée dans ton cœur qu'à chaque instant tu aies devant les yeux ses vertus, pour les inculquer dans le cœur de ton enfant ; c'est par ce seul moyen que tu prouveras à cette femme chérie, qui du haut du ciel te regarde, combien tu l'aimes. Ses qualités reproduites dans ton fils par ton moyen seront le baume consolateur dont Dieu se servira pour soulager tes peines ; songe que l'espace qui te sépare d'elle est bien court, et de quel plaisir tu jouiras quand tu iras la rejoindre et qu'elle te dira : je t'avais laissé une tâche bien pénible ; mais tu l'as remplie, en élevant notre enfant dans les principes de nos pères. Contemple-le qui suit le sentier de la vertu au milieu du tourbillon d'un monde où l'on[374] éprouve que des tribulations ; il viendra jouir avec nous du bonheur de l'éternité heureuse, ce qui arrive à tous ceux qui savent supporter leurs peines, pendant ce triste pèlerinage, sans murmure. Ne crois pas que je veuille te calquer ton devoir ; j'ai lu au fond de ton cœur, qui plein de sa religion, saura mieux qu'aucun autre en tirer parti pour sa consolation.

J'ai rempli toutes tes autres commissions, adieu, donne moi de tes nouvelles, mes sincères respects à ta mère et à ta tante, sans m'oublier auprès de ta sœur ; ma femme se joignant à moi, et crois-moi pour la vie ton sincère ami et cousin Claudius Empaire

Ton petit, ta mère, Mme Périsse, Élise, Marsil, enfin tout le monde se porte bien et m'ont chargé de te dire bien des amitiés.

[375]A Monsieur Ampère, chez Mme sa mère dans son domaine de Poleymieux

Please cite as “L1087,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 23 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L1087