From Balthazar Hubert de Saint-Didier   10 juin 1801

Priay par Pont d'Ain ce 10 juin 1801

[1]Après un intervalle de plus d'un mois, je pense mon cher Ampère, qu'il doit m'être permis d'interrompre un instant des occupations qui finiraient par vous absorber tout entier. Ce n'est point un reproche que je me propose de vous faire, je connais trop votre excuse pour ne pas me la rappeler, et si je ne craignais d'en mériter moi-même par un plus long silence, je jugerais mal de votre amitié.

Malgré la belle saison, l'on ne parle presque pas de retour, toutes sortes d'occupations agrestes occupent les moments de mes parents, mais les miens pas du tout. Je suis au point de ne presque plus le désirer et maintenant je puis dire avec vérité : Manger dormir et boire C'est là tout mon plaisir Et vous pouvez m'en croire.

Ne croyez pas pourtant je vous prie cette [2]apathie d'esprit me fasse oublier mes amis, leur nombre est si borné que sans me fatiguer je puis aisément me les rappeler tous. Croyez que dans mon calcul, vous ne tenez point des moindres valeurs.

Voilà sans doute Mlle Caron à Paris, si vous avez reçu ou eu de ses nouvelles vous me ferez plaisir de m'en donner, je ne puis croire encore que le séjour lui aie fait oublier les personnes qui avaient le plaisir de la connaître à Lyon. Ainsi si vous avez occasion de lui faire agréer mes respectueux compliments je vous prie de ne pas manquer de me rappeler a vos souvenirs ainsi qu'auprès de mademoiselle sa sœur.

Malgré tout ce que je vous ai dit, je m'occupe encore quelques fois des mathématiques, j'ai repassé la géométrie et la statique, et je voudrais pouvoir les faire servir avec l'algèbre à la résolution de problèmes mécaniques. Je sens qu'il faudrait être plus versé dans les sections coniques, aussi j'attends d'être près de vous pour me guider dans[3] cette carrière aussi utile qu'agréable.

Je crois que ce retour aura lieu aux environs de la Saint-Jean, les foins nous ont retenu ici plus longtemps que je ne l'avais cru d'abord. Mes respects S.V.P. à Madame Ampère, et croyez à l'empressement qu'aura à vous voir votre dévoué S[aint]-D[idier].

Je regrette bien de ne pouvoir suivre cette année le cours de M. Roux ; ses bontés pour moi me l'eusse rendu encore mille fois plus agréable. Si vous avez occasion de le voir, veuillez me rappeler à son souvenir, et lui faire agréer mes compliments.

[4]Au citoyen Ampère, rue mercière, Maison Périsse Marsil, à Lyon

Please cite as “L1100,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L1100