From Clément Barret   6 octobre 1806

[4] L'Argentière le 6 octobre 1806

Mon bon ami, j'ai passé dernièrement quelques jours à Lyon ; on m'y a remis votre lettre, et il s'en est fallu de peu que je n'y aie rencontré M. Tesseyre, ce qui m'aurait été bien agréable. J'ai revu tous nos amis avec beaucoup de plaisir ; Bonjour est toujours le même, Bredin éprouve des choses très pénibles dans sa famille ; cela ne me surprend pas, néanmoins j'en suis sensiblement affecté.

Notre ami Mentelle, voulant s'occuper des mathématiques plus qu'on ne le fait ici, s'est déterminé à retourner à Paris ; il compte sur votre bienveillance, et je suis persuadé que vous lui en ferez sentir les effets d'une manière qui lui sera très avantageuse. Il vous verra dans une huitaine de jours, et vous dira, mon bon ami, combien mon sort actuel est plein de douceur et combien j'ai de sujets de bénir la Providence. Mes études ne vont pas bien rapidement, mais cependant elles ne sont pas négligées ; ce qui entretient l'espoir que j'ai de rendre un jour à Dieu et à mes semblables d'une manière moins imparfaite ce que mon cœur sent leur devoir. En attendant, je jouis du plaisir de coopérer, quoique très faiblement, au bien qui se fait autour de moi. Je demande à Dieu que Sa volonté soit faite ; je sens que c'est par la prière et par la soumission affectueuse à cette volonté que je puis acquérir le plus grand trésor et je prie avec joie, avec confiance, pour moi et pour tous mes amis ; faites de même, mon cher Ampère : sursum corda !

ayons une grande, une très grande ambition ; instruits par le passé, tendons au sublime avenir que la foi nous propose ; c'est à quoi se rapportent toutes les conditions de la société[à] tous les âges de la vie ; hors de là, tout est illusion, servitude, et douleur. Je voudrais bien avoir des nouvelles de votre enfant ; je voudrais bien que vous nous le confiassiez ; je l'aimerais comme je vous aime, c'est-à-dire de tout mon cœur.

Veuillez offrir à Madame Ampère, que je n'ai pas l'avantage de connaître comme je le désirerais, l'assurance de mon respect, et songez que je pense à vous et que je fais pour vous tous les jours les vœux les plus sincères.

Adieu, Votre ami Barret.

[5]A Monsieur Ampère, répétiteur à l’École polytechnique, à Paris, rue Poissonnière n°10 \inconnu, voir au fbg/

Please cite as “L1102,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L1102