To Louis-André Gosse   s.d

Monsieur et cher ami,

Voilà déjà longtemps que vous avez quitté notre grande ville, pour passer l'hiver dans votre patrie et entreprendre ensuite le voyage d'une autre capitale. La veille de votre départ j'eus le plaisir de vous voir à la séance de l'académie des sciences et vous voulûtes bien me promettre de donner à notre excellent ami M. Bredin deux volumes qu'il m'avait chargé d'acheter ici pour lui. Le même soir, je les portai chez vous. Le portier me dit que vous étiez sorti mais qu'il vous les remettrait dès que vous rentreriez. Je les lui laissai, sur cette promesse, enveloppés d'un papier qui portait en gros caractères l'adresse de M. Bredin. Bredin m'ayant écrit qu'il avait eu le plaisir de vous voir à Lyon, mais que vous ne lui aviez point remis ces livres, je m'informai de ce qu'ils étaient devenus à ce même portier qui m'assura vous les avoir remis le même soir avant votre départ.

Je demandai à votre compatriote M. Maurice, de l'Institut, votre adresse à Genève, il me la donna et me dit que vous y passeriez l'hiver. J'envoyai cette adresse à Bredin pour qu'il vous écrivit. Je ne sais s'il l'a fait, je ne reçois plus depuis trois semaines de réponses aux lettres que je lui écris. Je vous prie en grâce de m'écrire un mot pour me dire ce que vous savez de ces livres. Si je savais ce qu'ils sont devenus, je serais tranquille. C'est donc moins pour vous les demander que pour savoir ce qu'il en est que je prends la liberté de vous écrire et de vous prier de,me donner à ce sujet quelques éclaircissements. Si vous ne m'aviez pas offert de les porter à Bredin, j'ai trouvé depuis cinq ou six occasions commodes pour les lui envoyer et il les aurait depuis longtemps. Je vous prie d'agréer l'assurance de ma sincère amitié et de ma haute considération, Je suis, Monsieur, votre très obéissant serviteur. A. Ampère

P.S. : Je crois devoir vous expliquer mieux encore que je ne l'ai fait dans cette lettre que c'est moins les livres eux-mêmes que je réclame, qu'un mot écrit où vous me disiez si vous les avez réellement reçus du portier, et où vous croyez qu'ils se trouvent en ce moment.

A Monsieur Gosse, docteur-médecin, fils du pharmacien. A Genève Recommandée à Monsieur le professeur Pictet, rue des belles femmes, de la part de M. Ampère.

Please cite as “L1118,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 28 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L1118