To inconnu   s.d

[107]Monsieur,

La commission dont je suis chargé au nom de la Société Littéraire serait bien pénible à remplir si elle ne me fournissait l'occasion de joindre le témoignage de mes respects à ceux de tous nos collègues. Des amis ne se séparent point sans qu'il en coûte à leurs cœurs ; mais si l'espérance de voir votre zèle et vos travaux contribuer aux succès d'une institution dont vous avez été un des premiers coopérateurs nous est refusée, nous nous flattons du moins d'après l'assurance que vous nous en donnez de vous voir aussi souvent que vos occupations vous le permettront[108] dérober quelques moments aux affaires pour venir goûter avec nous des plaisirs de l'amitié et de la confiance. Oui, malgré notre séparation, vous jouirez encore du fruit de nos travaux, vous applaudirez avec le transport de l'amitié, aux efforts de vos anciens collègues et si l'émulation et l'amitié des lettres doit nous faire espérer quelque succès, vous en partagerez la gloire.

La Société Littéraire se souviendra toujours avec plaisir de tous ceux qui l'ont enrichie des fruits de leurs veilles et honorée par leurs sentiments. Pour moi, Monsieur, qui perd un collègue presque immédiatement après mon admission dans son sein, je n'oublierai jamais l'époque qui m'a donné des droits à votre amitié. Je me flatte qu'un[109]événement dont je suis sincèrement affligé n'apportera aucune altération à nos sentiments réciproques et que vous recevrez les témoignages d'estime et d'attachement que je vous dois, avec le même plaisir que je trouve à vous les offrir.

Votre affectionné collègue et ami A. Ampère

Please cite as “L1120,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L1120