To Pierre Maine de Biran   23 juillet 1807

[47] 23 juillet 1807

Mon cher ami, j'ai reçu il y a quelques jours votre lettre du 8 juillet, et j'ai éprouvé en la lisant que toutes les émotions douces qui font le charme de l'existence n'étaient pas perdues pour moi. Combien tout ce que vous me dites est plein de vérité et d'amitié pour moi, comme vous jugez bien de l'ami incomparable à qui je dois tout ce qui peut me rester de force et de vertu. Vous avez vu par ma réponse à votre précédente que je n'avais pas encore reçue quand je vous écrivis du 26 juin que je suis au ministère depuis plus de trois semaines. J'y ai retrouvé le calme, et depuis quelques temps je sens que j'ai retrouvé \recouvré/ la faculté de travailler presque comme autrefois, faculté perdue depuis 8 mois.

[48]Quoique je me sois plus occupé de mathématiques que de toute autre chose, je n'ai pas laissé de penser à notre sciences chérie. Je me suis satisfait presqu'entièrement sur plusieurs points qui me présentaient encore des difficultés. La génération de certaines idées ; la vraie nature du [illisible] \jugement/, en restreignant ce mot au cas de l'existence affirmée avec telles ou telles qualités, soit au dehors, soit de nous-mêmes ; la manière dont les animaux sans réminiscence proprement dite, et sans conscience d'euxmêmes peuvent avoir la connaissance de ce qui les entoure, non pas comme substances, mais comme sensations actuelles entrelacées d'images laissées par les sensations passées; comment sur tout [49] l'homme acquiert la connaissance qu'ils n'ont jamais , que ses actions dépendent de lui, connaissance sans laquelle je ne puis concevoir d'actions vraiment volontaires, propres à faire naître le phénomène de la conscience. Je n'ose me flatter que vous admissiez [illisible] toutes mes idées, mais je crois que nous serions plus rapprochés que jamais si nous pouvions causer. Ne viendrez vous donc plus à Paris ?

Vous me dites que vous m'enverrez la dernière version de votre mémoire, je l'attends avec une extrême impatience. Je voudrais bien que vous puissiez m'en envoyer tout de suite une portion du moins par la voie dont nous sommes convenus avec M. Degérando, car je compte quitter Paris du[50] 10 au 15 d' août . Probablement le 12. Et je voudrais l'emporter. Faites-moi ce plaisir, mon cher ami, si cela vous est possible sinon accordez-moi de l'envoyer à Lyon à l'adresse de M. Ballanche fils imprimeur \aux halles de la Grenette/ à Lyon qui me le ferait tenir sur le champs [illisible] \quand j'y serai./ C'est pendant mon séjour près de cette ville que je pourrais y donner tout mon temps . De retour ici j'aurai tant d'autres occupations. Elles ne m'empêcheront pas cependant d'en revoir toutes les feuilles quand on l'imprimera comme je l'espère l'automne et l' hiver prochain. Je regrette bien les notes que vous aviez faites sur ma lettre l' hiver passé. Pour voir du moins si le [illeg] la suite manque

Please cite as “L1162,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L1162