To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   12 mai 1802

[999]Du Mercredi [12 mai 1802]

Je t'envoie, ma bonne amie, une lettre pour M. Roux avec mon manuscrit. Tu trouveras, dans le même paquet, 3 gilets, une paire de gros bas de laine et ma roupe. Dans une des poches du gilet de velours jaune se trouvent les 12 l[ivre]s 8 s[ol]s que tu me demandes. Tu m'écriras bien s'ils sont arrivés à bon port. Car Pochon aurait trouvé comique que j'envoyasse à Lyon une si petite somme à la fois, et je ne sais si le moyen que je prends est bien sûr. Je désirerais bien que tu pusses m'envoyer le poids de marc qui est dans mon ci-devant cabinet de physique. On m'a promis des poids[1000] pour les balances du cabinet d'ici ; mais tout se trouve suspendu dans ce moment à cause des lycées, et j'ai sans cesse des pesées à faire. Cela me fait songer à m'informer si Marsil a été remboursé. S'il ne l'a pas été, je te prie de me l'écrire et j'en parlerai à M. le Préfet. Je t'enverrai la semaine prochaine un autre manuscrit, corrigé de nouveau, sur lequel on pourra imprimer, pourvu que M. Roux ne m'écrive pas que les formules sont déjà connues ! J'ai reçu le livre de M. Clerc avec du savon, des pattes qui me seront bien utiles, 2 fromages, etc. Je ne parle plus du joli gilet ; tu sais déjà qu'il m'a fait bien plaisir ; mais tu ne peux pas concevoir jusqu'à[1001] quel point. Je me trouve bien de mes soupers, je ne conçois pas comment la Perrin peut s'en tirer à 6 l[ivre]s par mois ; je le lui ai même dit plusieurs fois. Il me serait, au reste, impossible de reprendre à souper chez M. Beauregard ; on n'y soupe plus depuis que je n'y fais [plus] qu'un repas et Mme Beauregard m'a fait comprendre qu'elle était trop gênée de faire un souper pour une seule personne. On m'a assuré que l'arrê[] des consuls portait qu'il y aurait au moins un lycée par arrondissement de tribunal d'appel, ce qui semblait indiquer qu'il y en aurait davantage et rien que de ces arrondissements il y en a 32. Je voudrais bien savoir au juste ce qui en est. Je t'ai dit que j'avais perdu toute l'après[1002] dîner de dimanche. C'est que, me trouvant fatigué et mal à la tête, je sortis pour m'aller promener du côté de Brou. J'y trouvai la plupart de mes élèves du cours ; ils allaient voir les courses de chevaux que Joanny est venu établir ici depuis qu'il a quitté Lyon. C'était sa dernière représentation ; j'y entrai pour mes douze sous et j'y restai jusqu'à la fin, c'est-àdire 8 h[eures] du soir. Adieu, ma bienfaitrice, je te quitte pour écrire la lettre à M. Roux. Celui qui t'aime. A. AMPÈRE.

A Madame AmpèreCarron, maison Rosset, n° 18, grande rue Mercière, à Lyon.

Please cite as “L122,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 27 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L122