To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   19 mai 1802

[979]Du Mercredi [19 mai 1802]

Je n'ai pas pu t'écrire hier, ma bonne amie, à cause d'un grand travail que j'ai entrepris avec M. Clerc et dont je te parlerai plus au long dans ma première lettre. Je veillai un peu pour l'achever hier au soir ; ce qui ne m'arrive jamais et ne m'arrivera plus, car cela m'a fait dormir trop tard ce matin. M. Clerc est venu en causer avec moi comme je finissais de m'habiller. Il est 10 heures et je commence ma lettre à l'instant où je devais la porter chez Pochon. J'attends toujours la réponse de M. Roux pour savoir s'il est à propos que je fasse une nouvelle copie de mon petit ouvrage avec les corrections que je médite. Je t'envoie, dans cette lettre, le Moniteur de ton cousin, à qui tu ne {sic} renouvelleras mes remerciements . Pressé par le temps , je n'ai que le temps de te dire toute l'inquiétude où m'a mis ce passage de ta lettre :Je me trouve mieux et ne peux me résoudre à me mettre dans mon lit pour me rendre malade. Ah, ma bonne amie, ce mieux ne doit pas te tranquilliser tant que ta grosseur subsistera. Le temps est convenable ; tout se réunit pour t'engager à faire des remèdes. En grâce, décide-toi à faire ceux de M. Petetin, et vas ensuite aux eaux de Charbonnières ; c'est le vrai moyen[980] de te guérir tout à fait ! Si j'en croyais les idées qui me roulent dans la tête à ce sujet depuis ta dernière lettre, je camperais là tous mes élèves et j'irais te prier moi-même d'avoir pitié de toi, de ton mari et de ton enfant. Que je voudrais avoir le temps de t'en écrire davantage sur cela ; mais je tremble que Pochon ne soit déjà parti ! Tu sais tout ce que te dit mon cœur. Comme il se serre contre le tien. A. AMPÈRE. Ne pourrais-tu pas savoir de M. Couppier les adresses de Camille, de Degérando et de M. Morel des Jardins ; il saura cette adresse dès qu'il l'aura demandée à MM. Nolh[ac] qui connaissent beaucoup son frère, M. Morel, de l'Institut, qui demeure à la Croix-Rousse. Je t'embrasse mille fois et le petit nous-mêmes. Donne-moi, je t'en prie, de ses nouvelles et des tienn[es.] C'est tout mon bonheur quand vous vous portez tous deux aussi bien que cela est possible dans ton état. Fais bien reconnaître à Marsil s'il ne manque point de Moniteurs. Je n'en ai reçu que 4 numéros et un supplément qui font 5 feuilles ;j[e] te les renvoie toutes les 5.

Please cite as “L126,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 1 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L126