From Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   21 mai 1802

[65]Du Vendredi [21 mai 1802]

[illeg] M. Gambier est venu me montrer aujourd'hui et la lettre que tu lui as écrite et un thermomètre en morceaux tel que la dame à laquelle tu l'avais confié le lui a remis [illeg] [66] Cet accident arrivé à ton thermomètre me fait encore plus penser que la physique est une sotte chose [illeg] Je viens dans ce moment de faire boire un garnisaire qui est venu pour nos impositions ; mais ce que je ne savais pas, c'est qu'il fallût envoyer ce papier de M. Martin à la maman et je l'ai gardé. Elle a payé et c'est vraisemblablement 12 L. de perdus [illeg] Tu voudrais donc bien avoir le petit auprès de toi ! Je te plains, mon pauvre ami, de n'avoir ni ta femme,[67] ni ton petit auprès de toi pour te donner de tendres baisers et pour en recevoir [illeg] Je ne sais comment je t'ai parlé de me séparer de mon petit. C'était en me comparant à toi qui es bien loin, ou en pensant à ce que disent mille personnes qui n'ont pas le sens commun et qui imaginent que, si ce petit était à la campagne, je serais bien moins fatiguée et ils ne sentent pas que c'est à lui que je dois les moments les plus doux. J'ai maman, tu sais si je l'aime ; mais l'amitié n'empêche pas de réfléchir ; au contraire, c'est en se faisant part de toutes ses pensées[68] que souvent l'on s'afflige ensemble [illeg] Mais les jeux d'un enfant, ses petites grâces, son petit langage, tout cela enveloppe le passé, l'avenir et le présent même d'un voile couleur de rose qui vous éblouit aussi longtemps que sa gentillesse dure. Mais aussi, lorsqu'ils sont malades, toutes les idées les plus noires vous assiègent. J'ai su par Pignot que M. Vitet, de qui j'apprécie le savoir 1, n'est pas porté pour la vaccine. Sans en dire du mal, il dit qu'on ne pourra juger de son bon effet que dans 20 ans. Il préfère l'inoculation ; moi aussi, mais mon petit a de l'humeur de [illisible] sans vésicatoire c'est dangereux et puis je ne me porte pas assez bien et étant sur le point de prendre ce maudit remède je ne pourrai pas faire cela[160] [illeg] J'ai reçu par Pochon ton gros paquet. Tous les journaux y sont... Je ne sais rien de M. Roux. Tu penses bien que, sitôt que je saurai quelque chose, je te l'écrirai. Ne te livres-tu point trop à M. Clerc ? Tu le connais depuis si peu de temps ! Pourquoi lui as-tu montré ton ouvrage. S'il te le prenait ! M. Gambier est à la campagne ; je tâcherai d'avoir les adresses que tu demandes par d'autres voies. Je viens de donner, pour les impositions de l'an IX : 40 L., 8 s. et, au[161] garnisant, 1 L., 5 S. : tout cela d'après l'avis de M. Rosset qui m'a dit qu'il fallait aussi aller donner un acompte pour l'an X de peur de garnison. Mais l'an X est fixé à 29. L'argent fond ; c'est pourquoi je serais bien aise de louer notre appartement [illeg]

Au citoyen Ampère, professeur à l'école centrale à Bourg.
(2) C'est M. Vitet qu'elle avait consulté dans l'été 1801.

Please cite as “L129,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L129