To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   3 juin 1802

[90] Du Jeudi matin [3 juin 1802]

Que fait dans ce moment ma petite bonne amie, pense-t-elle à son mari, sait-elle le chagrin qu'il éprouve de se voir loin d'elle ? Que je \[illisible]/ suis fâché à présent \maintenant/ de n'avoir pas attendu les fêtes de Pentecôte pour mon petit voyage ! Je t'irais voir aprèsdemain et, au lieu de cela, il faut que je ne sache \sais/ pas même si je pourrai y aller \[illisible]/ à la S[ain]t-Jean. La mort du préfet a privé les professeurs de Bourg du seul protecteur qu'ils eussent et il faudra tâcher de se mettre dans les bonnes grâces de celui qui va venir. Je t'enverrai mercredi le mémoire sur le jeu, si je puis en avoir achevé les corrections. J'ai peu de temps libre à présent. M. Clerc vient tous les matins[91] travailler avec moi jusqu'à sa leçon à 10 heures \de 10h [illisible]/. Grippière viendra \[illisible]/ depuis 11 h. 1/2 \depuis/ jusqu'à près d'une heure et, l'après- dîner , depuis 3 h[eures] jusqu'à quatre, que je donne ma leçon de physique. Le surplus \reste/ de mon temps se passe à penser à ma Julie et aux ouvrages que je médite. Ah ! S'ils pouvaient du moins me placer \faire avoir/ au lycée, réuni avec tout ce que j'aime. Je ne craindrais plus de vivre loin d'elle, ou de ne pas pouvoir lui fournir le nécessaire ! Est-il possible que tu sois \a [illisible] si souvent/ privée de mille choses indispensables, tandis que ceux qui ne méritent pas les richesses en regorgent ! Ma bonne et charmante amie,[92] qui méritait mieux que toi tout ce qui peut contribuer à rendre la vie heureuse ?

Du vendredi soir [4 juin] Je te dirai pour nouvelles que M. Grippière, ayant fini avanthier son mois, l'a payé 18 l[ivre]s pour le passé et 27 l[ivre]s d'avance pour le mois suivant et que, le même soir, il a fait une chute très dangereuse dont il est au lit. Ce mois n'a donc point commencé ; mais je l'ai vu aujourd'hui et il m'a dit qu'il espérait guérir bientôt et le commencer sous peu de jours. Je me trouve par là plus de temps pour travailler et j'en veux bien profiter pour avancer mes petits ouvrages.[93] J'espérais recevoir une lettre de ma Julie. Depuis que je t'ai quittée, je n'ai point eu de tes nouvelles ; je pense que c'est le tour de tes lettres de rester à la poste. Si je le savais, j'irais gronder \le directeur /bien plus fort que quand il gardait les miennes ; ils me privent ainsi de la seule chose qui puisse me procurer du plaisir. Peutêtre aussi que tu n'as pas eu le temps de m'écrire et que je ne saurai de tes nouvelles que par Pochon ? Et si tu étais malade ? Ce 28 m'inquiète ! Mon Dieu, si tu étais malade ; il m'est impossible de quitter. J'adresse ceci à ma sœur élise. élise, si ma Julie est malade [illeg]

Please cite as “L132,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L132