From Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   11 juin 1802

[172]DuVendredi [11 juin 1802]

[illeg] J'ai vu M. Petetin et tous tes beaux sermons sont de reste. C'est avec Marie que j'y fus. Elle était malade par les mêmes raisons que moi et M. Petetin lui ordonna de suite les sangsues. Il a lu la lettre de M. Vitet et m'a conseillé, pour faire arriver le 28, de prendre des bains de vapeur d'armoise et d'herbe de la rue[173] trois fois par jour. Si, après quelques jours, cela ne fait rien, il me fera mettre les sangsues et puis nous commencerons. Mais, mon bon ami, épargne-toi la peine de me supplier pour une chose où je suis la plus intéressée et où je ne puis rien !... Je n'ai pas manqué de suivre les conseils de celui que vous avez tous choisi, que je suis venue consulter il y a presque un an, je ne me suis opposée à rien et tu vois bien, mon bon ami, qu'il n'y a pas de bon sens à dire à un malade : Je vous prie de vous bien porter et, si vous ne vous portez pas bien, c'est que vous ne le voulez pas. Mais, au reste, je te connais et ce n'est pas la première fois que tu me fais rire en me disant de te promettre que je ne serai pas[174] malade [illeg] Prends aussi patience, mon fils, et ne te fagote pas la tête comme tu fais pour tes calculs ; car se guérir n'est pas un problème qui puisse toujours se résoudre et nous aurions beau vouloir y parvenir, si le maître de notre ère veut que nous soyons ainsi, il faut encore savoir supporter ses maux en faisant ce qu'on peut pour les envoyer bien loin [illeg] Bénissons tous nos bons parents qui m'aiment bien, qui ne me laissent éprouver des privations d'aucun genre, si ce n'est de ne pouvoir faire moi-même ce qu'ils font de si bon cœur pour moi ! [illeg] Sois sûr, mon ami, qu'un jour nous serons bien tranquilles dans quelque petite campagne à nous que nous ferons bien cultiver ! A propos de campagne, François est revenu tout doucement ; il est bien maigre ; il a bien changé, mais n'est pas malade. Il a été jusqu'à Montpellier [illeg] [176] [illeg] Adieu, adieu, je t'embrasse bien fort. C'est un bon baiser, de ceux que tu aimes, que je ne te donne pas avec distraction, de ceux que Mlle Julie ne t'a jamais donnés [illeg] [177] [illeg] Le petit t'a écrit des barres sur un petit papier. Quand il saura parler tout à fait, je t'écrirai ce qu'il dit ; mais, en attendant, il t'embrasse sûrement de bon cœur et se porte toujours comme un chanoine. Tu dis toujours qu'il faudra se presser d'imprimer. Mes cousins pensent de même ; mais c'est qu'il faut avoir l'ouvrage.

Please cite as “L135,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 28 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L135