To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   13 juin 1802

[82] Du dimanche [13 juin 1802]

Que j'ai laissé passer de jours sans écrire à ma Julie ! Je travaillais pour elle en donnant des leçons particulières et en écrivant le petit mémoire qui doit contribuer à faire jeter les yeux sur moi pour les places des lycées. Cette idée me faisait préférer ce qui pouvait t'être utile au plaisir de t'écrire. J'ai eu avant-hier une de tes lettres ; j'y vois que Marie est malade, ce qui doit bien te donner du souci. Comment fait le petit ? Est-il tout le jour à tourmenter sa pauvre petite maman ? Dis-lui de ma part que, s'il est bien sage, je lui porterai du bon, quand [illisible] \je pourrai aller à Lyon/. Il faut pour cela que M. Clerc soit guéri. Il sortit hier et vint chez Mme[83] Beauregard tout de suite après dîner ; il vint de là avec moi au collège, il avait eu la fièvre le matin, pris médecine la veille et l'émétique deux jours auparavant. Aussi a-t-il l'air d'un mort ; il ne veut point de médecin et se fait lui-même des ordonnances. Tu ne me parles plus de M. Roux ; Ballanche a-t-il passé chez lui pour la présentation de mon mémoire à l'Athénée ? Cela est de la dernière conséquence, pour pouvoir mettre sur l'imprimé : présenté tel jour à l'Athénée de Lyon. Il faut faire tout au monde pour engager M. Roux à le présenter. Ou bien Ballanche le lui redemanderait pour le faire présenter par M. de[84] [illeg] 1, avec bien des ménagements pour ne pas choquer M. Roux. J'ai trouvé hier une nouvelle démonstration relative à ce problème qui lui donnera un nouveau prix, mais qui va m'obliger à récrire 3 ou 4 pages. Et voilà l'emploi de ma journée. A 8 h[eures], un nouvel élève qui a commencé l'arithmétique le dix de juin ; il était pauvre et recommandé par MM. Goiffon dont il est parent ; il ne reste guère plus d'une demiheure, pendant laquelle je v[érifie] si les calculs qu'il fait chez l[ui] sont bons ; \il a payé 3 mois d'avance seulement/. A 10 heures, la leçon de M. Clerc qui dure jusqu'à 1 h[eure]. A 1 h[eure], je disposerai quelques machines pour ma leçon de physique : ce que je faisais auparavant après dîner. Mais voilà Grippière guéri qui va travailler de nouveau[85] depuis 3 h[eures] jusqu'à quatre ! De quatre à 6, leçon de physique. Je n'ai donc que ma soirée libre et un peu de ma matinée. Je finis cette lettre parce que j'entends sonner une messe où je veux aller demander la guérison de ma Julie. Pauvre petite ! Que je voudrais qu'elle vînt bien vite, que M. Petetin se hâtât ! Je charge mon petit d'embrasser ma Julie de ma part et ma Julie d'embrasser mon petit. Que je les aime, ma Julie, mon petit ! Dis bien des choses à ta maman et à élise. A. AMP[ÈRE].

Monsieur Richard, chez les frères Périsse, libraires, grande rue Mercière, n°15, pour remettre s'il lui plaît à Mme Ampère-Carron, à Lyon.
(2) de est à la fin du verso et le nom manque, soit qu'Ampère ait oublié de l'écrire, soit qu'il manque un feuillet intermédiaire, malgré la continuité apparente.

Please cite as “L136,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L136