From Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   14 juillet 1802

[184]DuMercredi matin [14 juillet 1802]

[illeg] Ah, mon bon ami, que le temps me paraît long ! Combien il faut de patience pour recommencer tous les jours à consentir et encore ne voir aucun, aucun changement [illeg] Je pense toujours à Charbonnières quoique les eaux ne soient pas du goût de M. Petetin [illeg] Voilà le 19e jour [illeg] [184] Mme Rossel va à Charbonnières lundi prochain ; elle s'informera d'un logement pour moi [illeg] Si, d'ici 10 à 12 jours, je n'aperçois pas de changement, j'irai à Charbonnières [illeg] Voilà, mon bon ami, tous les châteaux que je fais dans mon lit ! Peut-être que rien de tout ce que je projette n'aura lieu et que Dieu me guérira, lui seul, dans le temps où j'espérerai le moins. En attendant, je tâche de ne pas m'inquiéter de la dépense que tout ce régime occasionne. Les fraises sont hors de prix actuellement ainsi que les autres fruits rouges. Le sucre, il en faut tant qu'il fond aussitôt qu'on l'achète. Enfin ma pauvre maman ne boude pas à payer. Je lui ai remis les 6 louis que tu m'avais envoyés ; ils ont été d'abord partis ; mais cela m'a[fait] [186] bien plaisir de pouvoir lui donner quelque chose. Je babille longtemps avec toi aujourd'hui, mon bon ami ; j'ai bien dormi et je suis contente de te dire toutes mes pensées. Une qui me tourmente beaucoup, c'est que tu ne t'exposes avec ta chimie, que tu ne te brûles, que tu ne te fasses sauter des éclats de verre dans les yeux [illeg] Sois bien prudent, et aussi en touchant tes drogues qui peuvent t'empoisonner. Ta petite bouteille de phosphore me fait plaisir. Si c'est aisé à faire, fais-en une pour élise et, si tu peux, une autre petite pour les dames Allard. Adieu mon bon ami, M. Daburon n'est pas parti et ne partira peut-être pas pour[187] Tournan, Ballanche ne va pas à Paris et ta lettre est là sans adresse faut de savoir comment faire. J'enverrai celle de M. Couppier. Adieu, mon bon ami, adieu il y a 16 jours que je ne t'ai pas embrassé. Je t'aime toujours bien et t'embrasse pour tous les jours que tu as passé loin de ta Julie.

Au citoyen Ampère professeur de physique à l'école centrale du département de l'Ain à Bourg

Please cite as “L149,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 27 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L149