From Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   23 juillet 1802

[188]DuVendredi [23 juillet 1802]

[illeg] Tu auras vu par ma dernière lettre que je comptais partir aujourd'hui pour Charbonnières. Le payement de la chambre est fait au jour et à raison de 50 sols par jour. La voiture était arrêtée, tous les paquets étaient faits ; mais j'ai passé une mauvaise nuit ; j'ai senti des douleurs dans le côté, dans le même endroit qui m'a tant fait souffrir au mois d'avril lorsque tu vins me surprendre à 8 heures du matin que tu arrivas par la voiture de Montuelle [illeg] Je n'ose plus m'embarquer pour Charbonnières dans la crainte de ne pas être aussi bien là-bas qu'ici. C'est dans un petit lit, peut-être plein de punaises, où j'entendrai du bruit de tous côtés. Je suis dans une incertitude bien pénible. Demain, si je suis mieux, je partirai ; sinon je ferai dédit pour[189] la chambre et une dizaine de francs seront autant de perdu. Mon bon ami, que je suis à plaindre de ne pouvoir faire un projet d'un jour à l'autre ! [illeg] Tu me dis que tu passeras deux mois bien heureux près de ta femme et de ton petit, si je te dis toutes mes pensées et si je t'aime toujours. Ah, mon pauvre ami, mes pensées sont d'un genre assez triste et monotone. Car, lorsqu'on est toujours forcée de penser à sa personne pour ne[190] pas éprouver de maux cuisants, on est bien peu agréable et l'esprit se ressent toujours des souffrances du corps. Quant à mes sentiments, je ne change pas plus pour toi que pour tous ceux que j'aime. Je te l'ai dit mille fois ; tu es mon meilleur ami, celui à qui j'aime à ouvrir mon cœur. Tu t'en apercevras par mes lettres ; car je ne sais pas cacher que je suis chagrine de ne voir aucun changement à ma pauvre santé. Adieu mon fils, je t'embrasse de bon cœur. Dis-moi ce que tu penses de ce que dit Bonaparte pour le galvanisme 1.

Si tu as le temps écris à Marsil et remercie mon cousin [illisible] de l'empressement qu'il a mis à t'envoyer de suite cette copie. Adieu mon cher, ton petit se porte bien c'est ma consolation ainsi que ta tendresse et celle de mes autres amis.

Au citoyen Ampère professeur de physique à l'école centrale du département de l'Ain à Bourg
(2) Voir lettre p.181-182.

Please cite as “L154,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 28 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L154