To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   15 novembre 1802

[953] Lundi [15 novembre 1802]

C'est avec plaisir que tu as pris la plume pour me donner de bonnes nouvelles de ton amie. Quel plus grand plaisir, ma trop bonne Julie, j'ai eu en recevant ta lettre ce matin, en apprenant que tu te trouves mieux et que tu n'es plus tourmentée de ces affreuses pincées ! Après t'avoir quittée, je trouvai MM. Petetin et Petit qui venaient de voir conjointement [celui] pour qui ils avaient fait consultation il y a six semaines. Le premier me promit de t'aller voir le soir ; dis-moi, je t'en prie, s'il a tenu parole ![954] Le second me raconta que le malade qu'ils venaient de voir avait il y a six semaines le ventre plus gros et plus plein de duretés que n'a jamais été le tien. On lui a fait prendre le petit-lait avec le cerfeuil, les cloportes et une tisane qu'il nomme d'araville ; cet homme est si bien guéri qu'il ne reste aucune trace de sa maladie.

Du mardi Tu me diras qu'un homme n'a pas de dépôt de lait. Quoi qu'il en soit, M. Petit croit que, si tu pouvais reprendre le petit[-lait] de cerfeuil, tu serais bientôt guérie. Je l'ai engagé à t'aller[955] voir pour te donner un nouveau régime ; je voudrais bien que tu pusses le suivre. Dis à élise tout ce que tu pourras de plus joli pour moi. Je ne lui dis pas adieu tout haut parce que je ne voulais pas que tu susses que je partais tout de bon. Mais je lui disais tout bas : Adieu, ma chère et bonne sœur, sois bien heureuse en rendant heureuse ma Julie, dont tu vas être la seule ressource loin de sa maman et de son mari ! Je ne sais pas pourquoi tu crois que ma Julie me parle quelquefois avec humeur. Quand elle me gronde, elle a toujours trop de raison de le faire[956] et elle est trop bonne de ne me pas gronder davantage. Baise bien mon petit de la part de son papa de Bourg ! J'attends de ses nouvelles et des tiennes avec toute l'impatience possible. Je t'écrirai de plus longs détails par Pochon. J'ai fait tout mon voyage en voiture. Je suis ici logé et nourri en prince pour rien. J'ai reçu 11 louis ce matin ; Pochon t'en portera 10. Je t'embrasse mille et mille fois. A. AMPÈRE.

A monsieur Richard chez les frères Périsse libraire rue Mercière, n° 15, p[ou]r remettre s['il] l[ui] p[lait] à Madame Ampère-Carron, à Lyon.

Please cite as “L169,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L169