To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   17 novembre 1802

[1160] Mercredi [17 novembre 1802]

Je te remercie, ma bonne amie, du second moment de plaisir que tu m'as donné depuis que je suis à Bourg. Je viens de recevoir d'assez bonnes nouvelles de mon petit et de toi ; elles m'ont bien fait plaisir, tracées de la main de ma Julie, dont j'ai bien baisé le nom tracé vers la fin de la lettre. J'oubliais de te dire qu'il faudrait que Marsil me rendit un service de la plus grande importance. Les papiers qui concernent Guérin 1 sont entre les mains d'un M. Desgrange, notaire, qui se mêlait de l'accommodement et à qui[1161] M. Philippe les avait remis. Il s'agit d'aller chez M. Philippe, et de lui dire de les retirer sur-le-champ si cela n'est déjà fait. Une autre chose aussi importante, si tu vois M. de Jussieu, est de lui dire que ceux qui prétendent aux places des lycées se font inscrire dans les bureaux de Fourcroy, que M. Goubaud et M. Mermet le sont déjà. Pour moi, je ne suis inscrit nulle part, ni ne sais comment il faut s'y prendre pour me[1162] faire inscrire. Peut-être que cela ne sert de rien ; mais je suis inquiet de savoir que d'autres le font et non pas moi. S'il croit la chose inutile, je serai tranquille. Cela te donnera l'occasion, si tu le vois, de lui rappeler de ne pas m'oublier dans toutes les circonstances qui lui présenteront l'occasion de me donner un coup d'épaule.

Je viens de trouver sur ma table les quatre premières feuilles de la lettre que Pochon devait te remettre.[1163] Il paraît que je ne lui en ai donné que les dernières pages ; tu les joindras aux premières que tu trouveras dans cette lettre pour voir la suite du sens.

Je te prie, ma bonne amie, de faire demander chez M. Gavinet une once de magistère de marcassite, et de me l'envoyer par Pochon en m'en marquant le prix, qui me sera remboursé sur-le-champ. C'est une commission qu'on m'a donnée et qu'on désire fort que je puisse remplir.

M. de Revonas, qui devait prendre de mes leçons, va chez M. Clerc ; mais j'espère avoir dans une[1164] huitaine de jours un élève particulier qui en tiendra la place.

J'ai été faire aujourd'hui quelques visites de bienséance : chez M. Valançot entre autres ; chez Mme Beauregard, celle-ci avait un air pincé et poli ; son mari m'a fait assez d'accueil et j'ai causé quelque temps avec lui ; nous avons surtout parlé de notre prochaine suppression et des ressources qui nous restaient. Voilà tout ce qu'exigeait la politesse rempli, je crois, à leur égard.

[1165]Du vendredi matin [19 novembre 1802] J'ai rouvert mon cours hier, ma bonne amie, avec peu d'élèves. L'heure de deux qu'on m'avait assignée en est la cause à ce que m'ont dit plusieurs d'entre eux qui sont venus m'en faire des plaintes. Je serai obligé probablement de les remettre à quatre. La préparation de mes expériences remplit d'ailleurs le temps que mes leçons et la lecture de mes livres de mathématiques me laissent. Je t'embrasse bien tendrement en attendant une lettre pour laquelle j'aie plus de temps. Embrasse mon petit pour son papa !

A Monsieur Richard, chez les frères Périsse, libraires, grande rue Mercière, n° 15, pour Mme Ampère-Carron, à Lyon.
(2) Guérin avait, à l'égard d'Ampère, une dette dont il est question à maintes reprises, notamment dans le contrat de mariage (p. 44).

Please cite as “L172,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L172