Je me suis fait réveiller à 5 h. 1/2 pour jouir un peu du plaisir de t'écrire dont j'ai été privé depuis plusieurs jours : l'opération de ranger le laboratoire de l'école centrale m'ayant pris absolument tout le temps que me laissaient mes quatre leçons : une de géométrie à 7 h et une d'arithmétique à 11 pour le compte de MM. Dupras et Olivier ; une au petit Blanchard à 18 [illisible] qui suit celle de géométrie et me tient jusqu'à 9 h. 1/2 ; enfin ma leçon publique de 4 h à 6 h, dont les préparatifs me prennent encore beaucoup de temps . Sais-tu, ma bonne amie, de toutes ces occupations, celle qui me prend le plus de temps , c'est de revoir l'ouvrage de mes[1457] 16 élèves d'arithmétique pour le corriger. J'y consacre toute ma soirée et, comme on soupe à 8 h, je ne peux souvent l'achever qu'après souper . J'aurai plus de temps libre dans quelques jours ; voilà mon laboratoire rangé et, si je puis mettre bientôt ces jeunes gens à l'algèbre, je leur défie bien de me donner tant d'ouvrage à repasser. J'ai reçu ta dernière lettre avant-hier par Pochon avec un paquet où il y avait beaucoup d'affaires. J'ai été un peu embarrassé de penser ce que je ferais pour me parer quand j'irai me présenter à Lyon aux examinateurs. J'aurais bien pu me passer de quelques-uns des gilets que tu m' envoies . Je t'en remercie toujours bien ; je te[1458] remercie davantage des nouvelles que tu me donnes de ma femme et de mon petit ; elles m'ont fait bien plaisir ; j'y vois que tu te portes bien. Que je voudrais que cela fut tout à fait vrai ! J'espère du moins que tu vas mieux. Tu ne sais pas, ma bonne amie, que c'est aujourd'hui le 3 frimaire où l'on devait vendre la maison de M. Guérin s'il n'avait pas payé. Il faut, s'il n[e] l'a pas fait, qu'elle se vende tout de suite. S'il l'a fait, M. Coste te remettra deux mille francs à compte sur le billet que voici 1. Surtout si c'est Marsil qui a la complaisance d'aller chercher l'argent, il est[1459] bien important que nous sachions au plus tôt ce qu'est devenue toute cette affaire : ce qu'on ne peut savoir que de M. Philippe. Dès que tu m'auras écrit où en sont les choses, je lui écrirai moi-même ce qu'il conviendra. Adieu, ma bonne amie, je t'embrasse mille et mille fois ; le petit aussi, baise-le bien de la part de son papa !
Please cite as “L175,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 20 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L175