To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   24 novembre 1802

[985] Du mercredi [24 novembre 1802]

Ma bonne amie, je n'ai pu t'écrire qu'en courant ce matin et c'est demain ta fête, cette fête dont je conserve de si doux souvenirs. Tu te ressouviens de celle de deux ans. Ce que je sus bien exprimer alors je le sens à tout moment, je ne sais plus l'exprimer. Il le sent aussi, le pauvre petit, à présent ! S'il comprenait que c'est ta fête, il te presserait les joues de ses petites mains ! Je voudrais qu'il fût assez grand pour me comprendre ; je le chargerais de tout ce que je voudrais te dire moimême. Il t'embrasserait pour moi et tu m'enverrais un de tes baisers dans ta première lettre. Ton pauvre[986] mari sera encore un mois tout entier privé du plaisir d'en recevoir autrement. Il s'en consolera en pensant que son temps n'est pas perdu pour ta tranquillité. Tu as dû recevoir dix louis par Pochon et cela me rappelle que j'en attendais la nouvelle et que tu ne m'as pas encore marqué que tu les eusses reçus. Je n'en suis pourtant pas encore en peine. Je pourrais t'en envoyer encore l'autre semaine ; car je viens de recevoir un mandat de 6 louis et demi : à compte de ce qui m'est déjà dû. Comme je crains qu'il ne faille payer plus souvent des voyages à Pochon, je pourrai attendre pour te les envoyer[987] que j'aie reçu l'appoint, qui viendra, je l'espère, incessamment. Tu me diras ce qu'il faut faire à cet égard. Tout dépend du besoin que tu peux avoir de ton argent. Adieu, ma bonne amie, ma bienfaitrice, toi dont la seule pensée fait tout mon bonheur. Je t'écris après souper et, comme je me lève d'assez bo[nne] heure à cause de ma leçon de sept\heures,/ je sens [qu'il] faut te quitter. Je te s[ouhaite] une bonne nuit. Dors bien, ma Julie et rêve que je suis à Lyon ! Que je voudrais faire ce rêve tous les jours !

Du jeudi matin [25 novembre 1802] Bonjour et bonne fête, ma charmante amie ! Voilà ce[988] que je suis forcé de te dire à la hâte dans la crainte qu'ensuite ma lettre ne pût pas partir aujourd'hui. Baise le petit pour moi ! Dis bien des choses de ma part à ta maman dont tu m'as appris le retour dans ta dernière. N'oublie pas le petit que j'embrasse bien ; et toi aussi, ma bonne amie.

A Monsieur Richard chez les frères Périsse, libraires, grande rue Mercière, n° 15, p[ou]r r[emettre], s['il] l[ui] p[laît], à Mme Ampère-Carron à Lyon.

Please cite as “L176,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L176