To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   26 novembre 1802

[98] Du vendredi [26 novembre 1802]

Tu m'as bien fait plaisir, ma bonne amie, en m'envoyant la lettre de M. Vidalin. J'ai de bonnes espérances ; mais je voudrais bien que le temps fût arrivé d'avoir des certitudes ; ce temps est celui qui nous réunira. La fin de ta lettre est : Maman a été chez M. Philippe. J'attends avec une grande impatience des nouvelles de cette visite. Je t'ai déjà écrit que, si le paiement n'a pas été fait avant mercredi passé, la maison peut se vendre et qu'il faut le faire tout de suite ;[99] car c'est là le meilleur moyen de toucher notre argent. J'espère toujours aller passer les fêtes de Noël avec toi ; mais il faut que M. Philippe achève tout de suite cette affaire, afin que l'argent soit dans ses mains à cette époque. Il faut, pour cela, qu'il fasse \sur-le-champ/ mettre les affiches de vente par expropriation forcée. Tu me dis de me bien tenir dans la maison où je suis. Je ne vois pas pourquoi ils ne voudraient plus de moi. Je donne au moins trois heures et demie par jour à leurs élèves, je sais. [100] [Je suis] du reste aussi bien qu'il est possible, ne les voyant guère que pour dîner et souper et passant tout le jour au coin de mon feu à étudier des livres de mathématiques . J'en ai acheté de tout neufs et de hasard qui valent, sur les catalogues de Paris, 50 l[ivre]s ; j'en ai donné 36 l[ivre]s. Ce sont les ouvrages que je connaissais \le moins et/ qu'il m'était le plus nécessaire de connaître pour paraître avantageusement à un examen. J'ai encore le livre d' Ailhaud, sur lequel je travaille à force ; car il faut nécessairement[101] le rendre lundi.

Du samedi matin [27 novembre 1802] Je veux te dire un petit bonjour, ma charmante amie, avant de porter cette lettre à la poste. J'en attends une de toi aprèsdemain avec d'autant plus d'impatience que tu ne m'as pas écrit si tu avais reçu les 10 louis que j'avais remis il y a plus de dix jours à Pochon et que j'espère que ta lettre m'ôtera cette inquiétude en même temps que celles que j'ai pour mon petit et pour toi. J'aurais voulu savoir tous les détails de sa maladie pour ainsi dire jour par jour, combien[1454] avait duré l'inflammation, à quelles grosseurs étaient parvenus ses boutons, s'il y avait eu de la fièvre, etc. Je ne sais rien du tout de tout cela. Je sens bien que le déménagement ne te laisse pas le temps de m'écrire et je ne te dis tout cela qu'afin que tu me donnes quelques détails sur ce pauvre petit quand tu en auras le temps . J'en voudrais bien aussi avoir sur toi. M. Petit n'a-t-il point é[] te faire la visite qu'il m'avait promise ? Veuxtu que je lui écrive une lettre pour le lui rappeler ? Ce qu'il m'a dit des effets[1455] du petit-lait de cerfeuil me persuade que tu serais bientôt tout à fait guérie si tu en prenais. Adieu, ma charmante amie, voilà mon élève de chimie qui attend sa leçon ; je vais la lui donner dès que j'aurai mis dans cette lettre mille baisers pour toi et mon petit, et mille compliments et mille amitiés pour les autres.

A Madame Ampère, chez Mme Carron, rue du Griffon, maison Simon, vis-à-vis la rue Terraille, à Lyon.

Please cite as “L177,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L177