To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   29 novembre 1802

[1450] Lundi 29 9bre [novembre] [1802]

\Des nouvelles, si tu peux, de l'affaire Guérin./ C'est bien aujourd'hui la veille de ma fête et j'ai reçu le plus charmant bouquet qu'on puisse imaginer. Que tu es bonne, ma tendre amie, de m'envoyer une si jolie lettre, pleine de jolies choses, au lieu de me faire des reproches comme les dames de ce pays-ci en font sans cesse à leurs maris de ce qu'ils ne les aiment pas assez. Pour moi, tu me connais bien : tu sais que je n'ai qu'un seul désir, celui que tu te portes bien et que tu sois contente. La santé et le bonheur du petit sont renfermés dans ce souhait. Tu trouveras dans cette lettre une lettre adressée[1451] à Derrion.

Du mardi Voici à quel sujet. J'avais oublié que la sœur du grand mathématicien Prony, était mariée à un monsieur de Bourg qui avait suivi mon cours l'année passée et m'avait donné des témoignages d'estime et d'amitié. Je lui avais demandé, avant d'aller à Lyon, une lettre de recommandation pour Prony, dans la vue de l'envoyer à celui-ci avec [illisible] un exemplaire de mon ouvrage * ; je m'en suis ressouvenu dès que je l'ai vu. Je lui ai remis un exemplaire pour lui et il m'a donné une lettre pour accompagner l'exemplaire que je lui ai dit que je voulais faire remett[re] [1452] à Prony. Je crains maintenant que tout cela n'ait quelque inconvénient, si cela vient aux oreilles de M. de Jussieu. Il semblera que je n' aie pas regardé sa protection comme suffisante. Quoi qu'il en soit, j'ai fait la lettre à Derrion, dans laquelle tu mettras celle de M. Michallet après l'avoir cachetée , à moins que tu ne juges plus convenab[le] de les brûler toutes les deux : ce dont je te laisse la maîtresse après en avoir délibéré avec qui il appartiendra. M. Michallet ne l'apprendra de longtemps , croira que sa lettre s'est perdue par accident[1453] ou n'y pensera plus. C'est aujourd'hui ma fête, ma bonne amie, et ce verbiage, ainsi que la lettre de Derrion que je viens de faire, m'ont pris tout le temps que je destinais au plaisir de m'en entretenir avec toi. Je m'en dédommagerai demain l'après- dîner que j'aurai vacance ; mais ce ne pourra être que pour une lettre suivante ; je remplis la fin de celle-ci par les plus tendres baisers pour tout ce que j'aime.

A Madame Ampère, chez Mme Carron, rue du Griffon, maison Simon vis-à-vis la rue Terraille, à Lyon.

Please cite as “L179,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 18 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L179