From Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   30 novembre 1802

[229]DuMardi soir [30 novembre 1802]

Du mardi soir [30 novembre 1802] [illeg] J'ai su que l'acompte [[Guérin]] avait été payé avant le 3 frimaire [24 novembre] avec la condition d'acquitter le reste dans le courant de floréal. Les intérêts sont fixés à 5 L. pour 100 L. et M. Philippe me dit que la somme qui reste à compter va à 7000 et, étant là-dessus, je fis mon plan d'aller ce matin de bonne heure chez M. Coste pour savoir comment tu devais faire le reçu. Mais, hier soir, il fut chez Marsil, croyant trouver le reçu et, n'en trouvant point, il remporta son argent.[230] J'y suis allée ce matin. Je ne l'ai point trouvé, ce qui m'a bien fâchée parce qu'il faisait une boue affreuse et un brouillard bien épais. J'y suis retournée à 3 heures. Il m'a dit que tu t'étais avancé avec le procureur et qu'il demandait de l'argent [illeg] J'ai dit à M. Coste qu'il m'avait promis de ne pas exiger son payement avant que tu fusses ici. Il m'a dit : Mais à moi il me demande de l'argent et j'ai avancé 15 louis pour le procureur. Enfin[231] il m'a promis de m'envoyer demain matin la manière dont tu dois faire ton reçu. Je voudrais bien que ces 2350 livres fussent sorties de ses mains. A présent, mon bon ami, qu'en ferons-nous ? Je crois que, si nous les mettons chez M. Nallet, nous n'avons pas plus à craindre qu'ailleurs. Si je pouvais payer le loyer et placer 1000 écus 1, je serais contente...

Je voudrais faire le cadeau que j'ai promis à ta sœur lors de mon mariage ; une robe de Florence, c'est encore 48 L. à peu près [illeg] J'aurai bien à peu près ce qu'il me faut ; mais il ne faut rien dépenser. C'est pourquoi je te répète qu'il faut bien ménager tes nippes pour n'en pas acheter d'autres [illeg] [232] J'espère que tu ne mets pas à tes expériences les choses qui valent le mieux, que tu y fais un peu d'attention. Pense que cela chagrine ta femme et l'argent fond. Si tu as besoin de quelques gros tabliers roux pour tes expériences, tu n'as qu'à demander. Dis-moi que tu es prudent pour toi et pour tes affaires ![illeg] [233] [illeg]

Ton petit pense souvent à toi. Il rêva à toi hier ; il t'avait vu qui lui apportais une petite charrette avec des chevaux gris et il pleura en s'éveillant de voir tout disparaître [illeg]

[234] Je viens de relire ton avant-dernière lettre 2 et je vois avec inquiétude que tu dis que tu m'envoies un billet pour recevoir les 2000 L, et je ne l'ai pas trouvé. Ce serait une jolie affaire si ce billet était tombé entre les mains de quelque fripon. Je suis bien inquiète. Pourquoi parler d'un billet qu'on n'envoie pas ?

Du mercredi [1er décembre 1802] [illeg] J'ai reçu la forme du reçu que M. Coste avait promis. Je l'ai lu et relu et je vois un inconvénient à ce que tu signes approuver l'arrangement qu'il a pris avec ta mère le 18 floréal sans savoir à combien montent les frais. Je sais bien les 15 louis annoncés ; mais j'ai été si surprise de voir une somme de 5000 livres et plus que je voudrais savoir ce dont nous serons chargés [illeg] [235] Il vaudrait mieux que tu t'expliquasses clairement là-dessus en distinguant les dettes de cette affaire avec celles qu'a pu faire ta mère [illeg] Quand tu viendras, tu pourras savoir le fond de cette affaire qui est si embrouillée et que ta mère a voulu terminer toute seule pour ses comptes passés.

[236] [illisible]
(2) Les écus républicains valaient 6 livres ; mais, dans le langage courant, on disait 1000 écus pour 3000 francs.
(3) Lettre p.198-199.

Please cite as “L180,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 9 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L180