To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   10 décembre 1802

[1148] Bourg le vendredi [10 décembre 1802]

Je suis bien, fâché, ma bonne amie, d'avoir mis ce matin une lettre à la poste que tu ne recevras peut-être qu'avec celleci. Je la fais cependant partir pour te dire que j'avais en effet fait une quittance de 2000 l[ivre]s, mais qu'ayant oublié de te l'envoyer, je l'ai retrouvée sur ma table et je ne te l'ai pas envoyée parce que je croyais d'après tes lettres que M. Coste n'avait rien reçu. Mon billet,[1149] d'ailleurs, aurait été inutile, n'étant pas sur papier timbré. Je trouve, comme toi, qu'il y a un léger inconvénient à me reconnaître débiteur pour la somme que maman doit à M. Coste. C'est pourquoi j'ai fait le billet comme tu le trouveras ici ; mais, comme il serait offensant pour M. Coste de changer un mot au modèle qu'il m'envoie après tout ce qu'il a fait pour maman dont je suis mieux instruit que personne, il est[1150] indispensable de lui dire que son modèle de quittance s'est croisé en route avec une quittance que je t'envoyais. S'il la trouve suffisante, tu recevras ; sinon, nous pousserons le temps avec les épaules jusqu'à Noël. Mais surtout il ne faut pas que j'aie l'air de me défier en aucune manière de lui. Je suis persuadé que le compte arrêté avec maman est exact ; mais je veux qu'elle en reste chargée, comme jouissance du domaine qui en répond[1151] à M. Coste. Sache que le compte fait à Guérin par moi il y a un mois ne montait pas aussi haut que celui de M. Coste de plus de 300 l[ivre]s sur les intérêts et autres détails susceptibles de chicane ; c'est à lui que nous devons ces 300 l[ivre]s et, certainement, il n'avait à cela que notre intérêt personnel et risquait le sien en m'empêchant de recevoir un argent dont la moitié était pour lui.

Please cite as “L185,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L185