From Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)    octobre 1799

Automne 1799

[1]Tu es parti bien triste, mon bon ami. Ta femme se reproche d'avoir employé si tristement le peu de moments que tu étais venu passer auprès d'elle. Mais tu veux lire dans mon cœur, comme j'aime à connaître tout ce qui se passe dans le tien. Je n' aurai jamais de plaisirs que tu ne les partages , et nos chagrins seront aussi pour tous deux. Toi et moi, ne nous en donnerons jamais de volontaires. J'espère que la providence ne nous en enverra pas d' insupportables et nous aurons toujours pour les adoucir la tendre amitié et la confiance réciproque . Mon cœur est serré en t' écrivant  ; mais je dis, comme toi, que j'y trouve du plaisir. J'en aurai bien à te revoir samedi . Aujourd'hui je n' ai pas pu aller [illisible] à S[ain]t-Germain ; il a trop plu après-midi. Demain matin j' irai revoir une [illisible] bonne mère et j'en quitterai une qui l'est bien aussi ; elle est si paisible, si douce qu'elle inspire à ceux qui l' entourent la sérénité [qui] paraît régner dans son âme. L'air de la campagne, les amitiés de tes parents , tout cela a contribué à me distraire. Je suis mieux qu' hier , bien mieux  ; ne te tourmente donc pas, mon bon ami ; nous nous reverrons samedi ; j'espère que nous pourrons amener maman dimanche à Lyon ce sera un grand plaisir pour moi car de la voir si triste, si fatiguée pour ta Julie [2] c'est un poids bien lourd sur mon cœur mais j'espère la décider à venir passer quelques jours. Adieu mon bon ami, adieu je retourne près de ta mère, ne m'écris pas je n' attends point de lettre. Je sais que tu n'as pas le temps je n'ai point de nouvelles à te conter. Nous avons promené avec la maman dans le [illisible] clos et nous avons vu que les pommes sont en grand nombre, que nous pourrons en avoir cet hiver . Adieu, adieu, mon fils, mon mari, comme tu voudras, mais pour la vie, ton amie Julie ; ta maman, ta tante et ta sœur t' embrassent .

A Monsieur monsieur Ampère dans la rue du Bât-d'Argent, n°6, au 3e étage, à Lyon.

Please cite as “L19,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L19