To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   4 janvier 1803

[1122] Du Mardi [4 janvier 1803]

\Je te prie de ne pas oublier de payer à Richard les derniers ports de lettres que nous lui devons./ Je t'ai écrit ce matin, ma bonne amie, pour que tu rangeasses d'avance les affaires de M. Gambier. J'espère que cette lettre arrivera au moins un jour avant Pochon, et qu'ainsi tu ne te trouveras pas à la presse pour que la caisse parte cette semaine. A l'égard de la lettre que je t'écris à présent, Pochon te la remettra avec [illeg] louis 1, qui pourront te servir à faire monter la somme placée chez M. Nallet à 350 l[ivre]s. J'ai reçu 7 louis du mois précédent, 12 francs qui étaient restés en arrière de l'autre et 27 francs de la contribution des élèves de l'école centrale. Peut-être pourrai-je y[1123] joindre de l'argent de M. Blanchard et, dans ce cas, tu recevrais un louis de plus ; ce qui en ferait 9, car Blanqui me doit 21 francs et, pourvu qu'il m'en reste 10 ou 12, c'est tout ce qu'il me faut pour parer aux besoins imprévus. Ma charmante Julie, quand pourraije recevoir de tes nouvelles ? C'est ce que j'attends avec plus d'impatience. Tu pourrais me reprocher de n'avoir pas cette fois ménagé les ports de lettres ; mais c'est pour te donner plus de temps pour tout ranger et t'éviter ainsi de la peine. Je serais bien attrapé si la lettre[1124] que j'ai mise ce matin à la poste pour qu'elle arrivât plus vite, n'arrivait au contraire qu'après celle-ci. Dans ce cas, voici ce que je t'y disais de plus important. Il serait bien à désirer que tu fisses payer au plus tôt 24 s[ou]s à M. Meyrel pour ma diligence, 39 l[ivre]s 12 s[ou]s à M. Gambier, que tu lui dises de ne point mettre de facture dans la caisse, je suis au-dessus de cette précaution et que tu lui remisses ma bourse et les 2 petites clefs dont j'ai grand besoin. Ma Julie, aime-moi toujours, car je ne vis que pour cela. Pardonne-moi tous les chagrins que je t'ai donnés et baise bien[1125] le petit pour moi ! A-t-il songé à te dire ce matin : Bonjour, maman, pour mon papa. Je lui l'avais bien recommandé. Je voulais aussi qu'il te dît  : Maman, je te caresse pour mon papa. Et le soir qu'il te dit : bonsoir pour mon papa. Il faut que je termine ici ma lettre pour la porter avec l'argent chez Pochon ; car je crains que la fête de jeudi le fasse partir cette nuit. J'embrasse mon amie.

A Madame Ampère, chez Mme Carron, maison Simon, rue du Griffon, vis-à-vis la rue Terraille, à Lyon.
(2) Ampère a laissé le nombre de louis en blanc, mais il résulte de la suite que c'est 8.

Please cite as “L194,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 28 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L194