To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   24 janvier 1803

[1378] Bourg le Mardi après-dîner [24 janvier 1803]

Je suis arrivé hier au soir, il était près de huit heures, parce que la diligence de Meyrel n'arriva qu'à dix heures à Trévoux et que je ne pus, par conséquent, être à Châtillon qu'à 2 h. 1/2. Le courrier, qui part ordinairement à 2 h[eure]s, m'avait attendu près d'une demi-heure ; puis il s'était mis en marche, mais bien lentement pour que je pusse l'atteindre. Je l'atteignis au bout de la rue où est son auberge ; mais je l'aurais manqué infailliblement si M. Clerc ne lui avait pas dit que je viendrais ce jour-là sans manquer. D'où il suit qu'il ne faudra jamais prendre cette route si je vais encore à Lyon avant le premier germinal, à[1379] moins d'avoir prévenu ce courrier. Je n'ai point vu M. Clerc. M. Mermet est malade de froid et de frayeur. La voiture qu'il a prise avec M. Clerc et qui devait arriver à 10 h[eure]s à Pont-d'Ain où l'on couche, n'y est arrivée qu'à 5 h[eure]s du matin ; elle est restée, d'après ce que m'a dit son imagination effrayée, enfoncée et à moitié versée dans un trop-plein de boue d'où rien ne pouvait la sortir. Tu sais que j'étais décidé à refuser ce nouvel élève de mathématiques à cause des désagréments qui m'en étaient \pouvaient en/ résulter avec M. Dupras et du temps que j'aurais perdu. Il m'a prévenu et s'est décidé pendant mon absence à ne pas continuer. Je lui avais donné deux[1380] leçons qu'il voulait me payer en me faisant bien des excuses de me les avoir demandées. Tu comprends que je n'ai rien voulu. Mlle Riboud, mariée depuis deux jours à M. Dubouloz, m'a fait remettre hier au collège un billet de visite. Il faut que je la rende. Je vais y aller dès que j'aurai fini cette lettre et je remercierai en même temps M. Riboud de la lettre de recommandation qu'il a écrite pour moi à M. Vouty, sans que je l'eusse demandée. Voilà bientôt 36 h[eure]s que je t'ai quittée, que je ne sais pas comment tu te trouves, si tu as pu dormir le reste de cette nuit, dont tu as sacrifié le commencement à[1381] mon bonheur. Qu'une lettre de toi me ferait plaisir !Je te prie en grâce de parler jeudi à M. Gilibert de ce nouveau symptôme dont tu m'as parlé dernièrement et que tu comparais à des peaux ; peutêtre est-il bien important pour faire connaître la cause de ta maladie. Je t'embrasse mille fois, ma charmante bienfaitrice ; j'embrasse tous ceux qui t'entourent, ma bonne amie.

A Madame Ampère, chez Mme Carron, maison Simon, rue du Griffon, vis-à-vis la rue Terraille, à Lyon.

Please cite as “L202,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 28 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L202