To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   30 janvier 1803

[1104]Du Dimanche [30 janvier 1803, pluviôse, an XI]

J'ai reçu ta lettre ce matin, ma charmante amie, avec celle de Marsil. Quelle complaisance de sa part et de celle de son frère ! Mais que je suis inquiet de ce que tu me dis de ta situation ! Il faut être cloué, comme je le suis ici, par l'attente de ces commissaires pour que je n'aille pas \ne pas aller/ te voir au moins un seul jour. Ma pauvre amie, ma bienfaitrice, que je voudrais pouvoir t'exprimer toutes les pensées, tous les sentiments dont mon cœur est plein ! Je te sens malade et il faut que je reste loin de toi.

Pour ajouter le remords au reste, il faut que j'aie à \je/ me reproche de t'avoir écrit des choses qui t'ont[1105] fatiguée davantage \préoccupées/ ! Que je suis fâché que tu t'en sois tourmentée ! Grâce à MM. Périsse, je n'ai plus peur que ma sottise ait des suites funestes pour nous. Peut-être qu'au contraire tout cela engagera M. de Laplace à faire plus d'attention à moi et à me recommander davantage. Je lui ai écrit une lettre dont il doit être content et j'espère que mes cartons seront imprimés avant que les inspecteurs généraux quittent Bourg et que je pourrai les leur remettre moi-même. Je vis l'autre jour le préfet d'ici qui me dit qu'il avait vu ces messieurs à Lyon, et qu'il tenait d'eux que je pourrais bien[1106] avoir \l'assurance d'avoir/ la seconde place au Lycée de Lyon. Ce qu'il y a de terrible, c'est que nous ne sommes encore qu'au 10 pluviôse : ce qui fait \c'est-à-dire/ 50 jours d'ici au \avant le/ premier germinal. Faudra-t-il rester si longtemps loin detout ce que j'aime \toi/ ? Je t'en prie, ma Julie, ne te fatigue plus à m'écrire Je vais \plus à m'écrire j'/adresserai mercredi une longue lettre à élise pour qu'elle me fasse le plaisir de me donner de tes nouvelles ; en attendant, il vaut mieux que je m'en passe que si tu te fatiguais.

Je viens de relire ta lettre ; j'y vo[is] que tu vas mieux, que tu espères aller toujours de mieux en mieux ! Ah, tes espérances seront accomplies, je l'espère ;[1107] mais je ne sais quand je pourrai avoir de tes nouvelles. élise, ma bonne sœur, ne souffre pas que ma Julie m'écrive ; mais, si tu as pitié de moi, donne moi de ses nouvelles ! Il est onze heures ; j'ai écrit \travaillé/ tout le jour pour finir mon manuscrit. Pardonne-moi de n'avoir pas eu le temps de t'écrire, \mon silence/ ma Julie ; je te dis adieu, car demain pas possible de te dire un mot ! M. Mermet est malade et il faut, outre mes autres occupations, que je fasse sa classe. Cela me fera du bien \sera bon/ pour être \ma/ place au Lycée , mais m' ennuie bien pour le moment. Que je t'embrasse tendrement ! Que je t'aime, ma Julie !

À Madame Ampère, chez Mme Carron, rue du Griffon, à Lyon.

Please cite as “L208,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 23 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L208