To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   3 février 1803

[1372]Du Jeudi soir [3 février 1803]

Que les lettres que j'ai reçues de Lyon cette après- dîner m'ont fait de plaisir en me rassurant un peu sur l'état de la santé de ma Julie ! Marsil me parle de ta santé en me parlant de mon ouvrage * \Marsil me donne de tes nouvelles en me parlant de mon ouvrage/. Je lui en ai su bien bon gré. Que m'importe tout le reste en comparaison ? Comme ta maman est bonne, enrhumée, \comme ta maman est bonne/ d'avoir soin la nuit de notre petit enrhumé ! 1 Dis bien à ma sœur élise combien je suis affligé de son mal de dents \et d'oreilles/ ! Est-il possible qu'il n'y ait que moi qui se porte bien ? Je m'en voudrais si ma santé \de bien me porter si cela/ n'était pas utile à nos intérêts.

Je pense que tu as reçu aujourd'hui 7 louis par Pochon. En voilà 27 ou 28,si je ne me trompe, depuis les vacances et j'ai encore environ 500 l[ivre]s à recevoir.[1373] Après quoi je plie bagage et me voilà à Lyon au comble du bonheur. Entre ma femme et mon enfant Voir sur ta bouche un doux sourire, Sur la sienne un sourire innocent, Voilà le bonheur où j'aspire Entre ma femme et mon enfant. J'écris tout ce qui vient au bout de ma plume sans faire attention si le sens a quelque liaison.

Tu me demandes si j'ai reçu ta lettre. Oui, ma bonne amie, celle qui était dans la lettre de Marsil ; la lettre de Ballanche aussi, comme je crois te l'avoir déjà écrit. Mes craintes et mes espérances sont toujours au même point. Les inspecteurs généraux[1374] n'ont point encore paru. Je pense qu'ils sont occupés à parcourir \ent / le département pour visiter les écoles secondaires. J'ai fini hier mon petit mémoire sur le calcul des variations ; je vais me dépêcher de le recopier pour le leur présenter au net, en attendant que mon épreuve arrive pour la corriger. J'ai vu aujourd'hui une ardeur dans \chez/ mes élèves pour se mettre en état de répondre à des questions de chimie si les inspecteurs les interrogent, \à la/que\lle/ je n\e m/'attendais pas et qui m'a fait le plus grand plaisir. J'en ai quatre sur lesquels je peux compter, Blanchard et les trois qui ont \qui me feront honneur./ [1375] suivi mon cours \depuis/ l'année passée.Nous pensions qu'il aurait mieux valu que j'eusse un élève de mathématiques qu'un de chimie ; comme cela a tourné autrement, mes leçons particulières feront les honneurs de mon cours, où l'on croira qu'il a tout appris et, pour des élèves de mathématiques, la pension m'en fournira s'il m'en faut \i l'on m'en demandait/ ; mais je ne crois pas parce que, si ces M.M interrogent mes élèves pour juger de mon talent à enseigner, ils n'interrogeront \ces messieurs ne s'adresseront/ probablement que ceux qui auront le titre d' \qu'aux jeunes gens/ élèves de l'école centrale.

[1376] J'ai vu dans la lettre de Marsil une chose qui m'a fait plaisir parce qu'elle me servira d'excuse auprès de MM. Périsse \après [illisible]/. Lacroix a fait une nouvelle édition de son livre et, dès qu'elle a été faite, a fait \force/ imprimer 7 feuillets faisant \c'est-à-dire/ 14 pages de cartons qu'il a envoyés à tous les libraires qui venaient de recevoir cet ouvrage pour le corriger. Tu vois que je ne suis pas le seul qui fasse des étourderies de ce genre, et que les grands hommes s'en mêlent aussi. En attendant qu'on me place parmi eux, j'aurai une place au Lycée et j'y vivrai doucement et heureux tout letemps que je pourrai être près de toi. Premier Germinal ! Premier[1377] Germinal ! Viens vite assurer mon bonheur ! Ma Julie, je vais finir ma lettre pour pouvoir me lever demain à l'heure qui convient à mes leçons. Je vais rêver à toi. Heureuxquand je pourrai\-je/ te voir autrement qu'en rêve ! \Je t'embrasse de tout mon cœur./ Je t'aime comme tu sais.

A Madame Ampère, chez Mme Carron, rue du Griffon, vis-à-vis la rue Terraille, à Lyon.
(2) Lettre de Julie du 1er février, Lettre 0209.

Please cite as “L211,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L211