To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   7 février 1803

[1394]Du Lundi soir à 11 h. [7 février 1803]

Je t'écris à la hâte, ma charmante amie. Depuis que mon épreuve [illisible] \est ici, je/ n'ai fait qu'y \cessé d'y/ travailler, écrire à Marsil et des instructions pour Gérard. Les yeux m'en font mal. Tout ira bien cette fois, et c'est un grand bonheur que j'aie corrigé ces 4 pages qui étaient la partie la plus négligée de l'ouvrage *, quoiqu'une des plus importantes. Ce sera maintenant la plus soignée. Que ta lettre m'a attendri !Ma bonne amie, que j'ai pleuré en la lisant ! Ma pauvre petite,comment peux-tu m'aimer ? Ton mari et ton petit te font aimer la vie parce que tu les aimes.[1395] Tu sais bien que tu es tout pour eux ! Que je voudrais aller pour un jour seulement à Lyon ! Mais il est impossible d'y penser. Je ne pourrai pas t'écrire par Pochon parce que j'ai le travail des élèves de la pension que j'ai laissé arriéré depuis deux jours : ce qui va me prendre tout mon temps jusqu'à mercredi, que j'espère avoir un peu de temps l'après- dîner à cause que c'est la vacance de l'école centrale. Je t'écrirai ce jour-là avec plus de détails. Je te prie de faire remettre à ta commodité 7 l[ivre]s 15 à Marsil pour des livres qu'il a envoyés, savoir : Traité d'Algèbre à Mequille, 4 l[ivre]s 10 s[ou]s ; Arithmétique à M. Dupras, 2 [livres] ; Indiculus universalis * à M. Olivier, 1[livre] 5[sous] ; total, 7 [livres] 15[sous], dont j'ai reçu le montant[1396] que je t'enverrai, si tu veux, à la première occasion. Je crains que Marsil n'ait porté les 2 derniers ouvrages sur le compte de MM. Dupras et Olivier. Juge comme cela serait désagréable pour moi après que j'en ai reçu le prix !

Je veux toujours écrire à ta sœur ; mais le temps \le temps/, où le prendre ? Dis-lui tout ce que tu pourras de plus joli de ma part, ainsi qu'à ta maman, que je suis fatigué de son rhume et de la peine qu'elle se donne après \avec/ notre petit. J'ai reçu une nouvell[e] lettre de Ballanche, \en /contenant une trèsjolie lettre \aimable/ de M. Morel des Jardins. Je leur écrirai à tous deux dès que je pourrai ; mais c'est toujours l'histoire du temps qui me manque \qui me manque/ [1397] pour tout, excepté pour t'aimer, pour ne penser qu'à ma Julie et ne vivre que pour elle. Ne t'en plains pas, mon pauvre petit, c'est en même temps penser à toi et vivre pour toi ! Ma Julie et mon petit ! Ma Julie et mon petit !

Que je vous embrasse de tout mon cœur, en attendant que le premier germinal nous réunisse ! Adieu, ma charmante amie.

\Du mardi matin [8 février] J'embrasse ma Julie et vais vite porter ma lettre à la poste./

A Madame Ampère, chez Mme Carron, rue du Griffon, à Lyon.

Please cite as “L213,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L213