To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   18 février 1803

[1382] Bourg le Vendredi matin [18 février 1803]

Je n'ai pas eu un moment ces deux jours-ci pour écrire à celle que j'aime. Depuis le grand froid, nous faisions peu d'expériences. Pour nous rattraper,nous passons presque toute la journée au laboratoire et les opérations, une fois commencées, ne peuvent être interrompues, en sorte que j'ai donné hier la leçon de M. Madinier à la lumière et que j'ai repassé l'ouvrage des élèves de la pension après souper.

Je n'aurais d'ailleurs rien de nouveau à te dire ; j'attends de tes nouvelles et[1383] ce sera un grand bien pour mon cœur qui est étouffé \cœur est étouffé/ depuis [illisible] \trop/ longtemps des ennuis de l'absence. Le beau temps m'inspire bien fortement la tentation de me procurer un plus grand bonheur Qui m'empêcherait d'aller dimanche à Lyon pour revenir mercredi ? Je ne ferais sauter à mes élèves que les deux leçons des deux jours gras 1, pendant lesquels on ne travaille guère. Les examinateurs, j'espère, ne viendront pas juste dans ce moment. Mais tout cela n'est qu'un projet qui dépend de tant de circonstances qu'à peine[1384] osé-je m'en flatter.Il y a grande apparence que je ne pourrai pas. Ainsi il ne faut pas m'attendre. Mais ne sois pas surprise si tu me voyais arriver dimanche soir ou plutôt lundi matin car il n'y a plus de diligence à ce que je crois depuis les glaces, qui sûrement ne sont pas encore parties.

Je prie Marsil de ne m'envoyer d'épreuves que lu\n/di si je ne suis pas à Lyon. Comme ce faible espoir de te revoir dans 3 jours fait palpiter d'aise le cœur qui bat pour toi ! J'oubliais de te dire que j'ai reçu une jolie lettre de César Jordan, à qui j'ai répondu de suite. Cette lettre m'a fait bien[1385] plaisir quoique j'en reçoive assez souvent qui me font plus de plaisir encore. Ah, ma bonne, ma charmante amie, que tes lettres sont jolies et qu'ellessont précieuses à ton mari ! Quand viendra l'heureux temps où je n'en aurai pas besoin pour savoir si tu te portes bien et si tu m'aimes toujours, mes deux désirs ! Adieu, ma Julie.

A Madame Ampère, chez Mme Carron, rue du Griffon, visà-vis la rue Terraille, à Lyon.
(2) 21 et 22 février.

Please cite as “L221,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 28 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L221