To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   25 février 1803

[1390]Du Vendredi soir [25 février 1803]

Il m'a été impossible de t'écrire dans la journée, ma bonne amie. J'ai tout mis en ordre pour que mon absence ne nuisît pas à mes cours et j'espère que cela ira bien. J'attends de tes nouvelles, je m'inquiète de ta santé, je regrette le temps que j'ai passé à Lyon loin de toi. Est-il possible que nous ayons été si peu ensemble pendant trois jours que j'ai passés en entier à Lyon ? Je conserve pourtant bien des doux souvenirs, de doux baisers, de douces confidences de tes projets, de tes ennuis ; mais j'en conserve un qui pèse \une pensée m'obsède/ [1391] bien à mon cœur. Je me souviens que tu as pleuré la veille de mon départ. Je me ressouviens quej'ai presque entièrement \complètement perdu/ cette dernière soirée qui me devait procurer de si doux moments . Hélas ! Jusqu'au premier germinal, il ne me restera plus que ceux que je puis employer à t'écrire ! M. le Préfet fait la visite de l'école de MM. Dupras et Olivier ; je l'ai d'abord accompagné, mais je l'ai bientôt quitté pour venir t'écrire. Voilà qu'il sort [1392] et qu'il faut que j'aille donner ma leçon. Je te quitte sans savoir si tu vas un peu mieux, si tu as pu dormir cette nuit pour te dédommager un peu de celle où je t'ai réveillée. J'attends de tes nouvelles aujourd'hui.

Ne m'écris plus\si cela te fatigue ;/ mais dis à élise que je la prie de me donner de tes nouv[elle]s, que c'est tout pour moi. Ah, sans en savoir, il ne peut y avoir ni paix ni repos pour moi ! Adieu,[1393] ma charmante amie, je t'embrasse comme tu m'embrassas à mon arrivée. Oh, quand pourrai-je te le rendre ce si doux baiser de plus près et te voir mieux portante que je ne t'ai laissée ! Adieu, ma Julie !

A Madame Ampère, chez Mme Carron, rue du Griffon, visà-vis la rue Terraille, à Lyon.

Please cite as “L222,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 8 May 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L222