To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   28 février 1803

[Lundi 28 février 1803]

[1407] [illeg] dire dans celle-ci. C'est que, depuis que le carême est fini, mes élèves de physique viennent plus régulièrement à mon cours : ce qui est bien bon pour moi. Car j'ai reçu une lettre circulaire du préfet qui avertit les professeurs que MM. Delambre et Villars visiteront l'école le 20 ou 21 ventôse, c'est-à-dire dans 11 ou 12 jours et qu'il serait bien à propos qu'ils sussent répondre aux questions qu'ils pourraient leur faire. Je les ai prévenus et ils travaillent avec assez d' application à se mettre en état de répondre. Les 2 lettres à M. de Jussieu et à l'Institut étaient faites et n'attendaient que les exemplaires que j'ai reçus aujourd'hui ; elles partiront avec eux demain. Je souhaite une bonne nuit à ma Julie, j'embrasse tous ceux qui l'aiment. Je baise mon petit Jean-Jacques.

[1406] Du mardi [1er mars 1803, ou 10 ventôse] Je te prie, ma bonne amie, de m'envoyerpar Pochon, si tu peux, vendredi prochain , [illisible] mon pantalon neuf pour que je puisse paraître devant MM. Delambre et Villars . Ils ont écrit qu'ils \qui/ viendraient incessamment et je ne sais comment faire, ma jolie culotte sent encore la térébenthine et, ayant voulu mettre mon pantalon aujourd'hui pour aller à la Société d'émulation, j'ai vu le trou que Barral croyait avoir raccommodé devenir plus grand qu'il n'a jamais été et découvrir la pièce d'une autre étoffe qu'il a mise dessous. Tu vas craindre que je ne gâte mon beau pantalon ; mais[1402] je te promets de te le renvoyer aussi propre que je l'aurai reçu et il m'est impossible de m'en passer quand MM. Delambre et Villars \quand ces messieurs/ seront ici. J'ai reçu ce matin 7 louis du gouvernement. Comme j'ai dépensé presque tout ce qui me restait en affranchissements de paquets, j'en garde un pour moi, sur lequel je te renvoie 7 l[ivre]s 10 s[ou]s pour les livres.Pochon te doit donc remettre en tout 151 l[ivre]s 10 sous. Je te dirai qu'hier, à la Société d'émulation, on préparait une séance brillante pour MM. Delambre et Villars \les [illisible]/ et que M. le Préfet me demanda deux fois si je n'aurais rien à dire sur[1403] les mathématiques. Je dis que je n'avais rien \quoi que ce soit/ de prêt, mais que je tâcherais de faire quelque chosede digne d'être présenté à la Société. Il m'est venu de bonnes idées hier, sur lesquelles je vais travailler avec ardeur, \vigoureusement/ et j'espère avoir quelque chose de bon à dire devant ces messieurs. Si je t'écris de petites lettres cette semaine, tu sauras \donc pourquoi je t'écrirai de petites lettres cette semaine/ que c'est pour y travailler que je sacrifie tout ce qui me fait plaisir ici. Je te prie de m'excuser auprès de ton beau-frère si je ne lui écris pas pour le remercier de sa lettre[1404] et de toutes les peines qu'il a prises pour m'envoyer le paquet que j'attendais. Il faudrait prendre cela sur le temps que je destine à mon nouveau mémoire et je n'ai que quelques jours devant moi. Heureusement que Blanchard n'est pas venu prendre sa leçon ces jours-ci et j'y peux perdre une douzaine de francs pour les 20 jours qui me rest[ent] à demeurer encore l[oin] de ma chère amie 1 ; m[ais] j'y gagnerais beaucoup d[e] temps , et un temps que le[s] circonstances rendent bien précieux pour ma[1405] réputation. Les inspecteurs généraux ont écrit au préfet qu'ils seront ici de demain jeudi en huit et qu'ils visiteront l'école centrale le vendredi ou le samedi. Surcroît d'ouvrage, il faut qu'ils trouvent tout en ordre au cabinet et au laboratoire. \Adieu/ Je t'embrasse mille fois de toute mon âme. Quand saurai-je de tes nouvelles ? Quand te reverrai-je ? Petit, baisez votre maman pour moi ! A. Ampère \Avec 151 livres, 10 sols./

A Madame Ampère, chez Mme Carron, rue du Griffon, vis-à-vis la rue Terraille, à Lyon.
(2) La lettre est bien datée par le fait qu'elle est écrite 12 jours avant le 20 ventôse (11 mars). C'est donc par inadvertance qu'Ampère a parlé du carême fini, et non commencé : Pâques n'ayant été cette année-là que le 10 avril. Mme Cheuvreux a publié un long fragment, p. 289.

Please cite as “L223,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L223