Il y a bien longtemps que je n'ai pas écrit à ma bonne amie ; jamais je n'avais été plus affairé que cette semaine. Les élèves de MM. Dupras et Olivier se préparent pour être examinés par les inspecteurs généraux et il faut les seconder de tout mon pouvoir. Mes élèves de physique se préparent aussi ; je leur donne de longues leçons et à cela je joins l'ouvrage que j'ai entrepris et dont je t'ai déjà parlé. Il[1086] avance lentement, mais il avance toujours ; j'y donne tous mes moments de liberté. Je ne veux pas me promener qu'il ne soit fini malgré le temps superbe qu'il fait aujourd'hui. S'il pouvait te faire mieux porter !
Je suis bien inquiet de ce que tu me dis dans ta dernière lettre, ma charmante amie, tu te trouves toujours aussi mal que quand je t'ai quittée ! M. Petetin m'avait dit qu'il ne doutait pas que ta douleur ne se dissipât bientôt. Je voudrais bien que tu l'envoyasses chercher pour le consulter de nouveau. C'est de mardi en quinze le 1er germinal. Ce moment si attendu ne me ramènera-t-il pas auprès de toi pour te voir guérie comme je l'espérais, pour passer ensemble deux ou trois mois que je n'aurai rien à faire, sans te voir toujours malheureuse du mauvais état de ta santé ? Si tu allais mieux, nous pourrions les passer tous deux à la campagne, dont l'air t[e] ferait peut-être pl[us] de bien que tous les remèdes. Je ne sais rien de nouveau à l'égard de la fermeture des écoles[1087] centrales. Personne ne doute ici que les cours n'y finissent en effet le premier germinal. Pourvu que je puisse être sûr d'être nommé, je serai bien aise de pouvoir avoir du temps devant moi pour repasser l'astronomie et les autres parties que je dois enseigner au Lycée. Le bonheur d'être auprès de toi vaut mieux qu'un traitement.
J'embrasse mon gros et petit bonheurs.
Please cite as “L226,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 18 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L226