To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   10 mars 1803

[1071]Du jeudi soir [10 mars 1803]

Je ne sais pas, ma bonne Julie, si cette lettre te parviendra avant ou après celle que j'ai mise ce matin à la poste. Elle te sera remise par M. Pont qui m'a envoyé avertir de son arrivée par M. Valensot. J'ai été le voir à deux heures. Il m'a donné de bonnes nouvelles de ma bonne amie ; il m'a dit qu'Empaire t'avait vue au moment de son départ, que tu allais te lever et que tu étais gaie. J'espère que ta jambe se sera raffermie.

J'espère que, dans quinze jours, je n'aurai pas besoin d'attendre que les autres m'apportent de tes nouvelles pour en savoir. Comme je vois arriver avec joie le moment où je pourrai pour toujours[1072] dire adieu à Bourg ! Je crains bien que la lettre de ce matin ne t'inquiète ; mais, plus j'y pense, plus je trouve que cet appartement est une bonne affaire si le bail porte la dédite en question, et qu'autrement ce serait un grand malheur de se trouver ainsi engagés pour six ans, lorsqu'on ne sait rien sur la manière dont les choses tourneront. Je crois seulement qu'il sera à propos, lorsqu'on fera le bail, de retenir, s'il veut que la dédite soit réciproque, d'exiger que le propriétaire rende les 5 louis d'étrenne si c'est lui qui donne la dédite, tandis qu'il les gardera si c'est[1073] nous qui voulons quitter. L'avantage d'être auprès de la maison Périsse est inappréciable ; mais n'y aurait-il point eu, dans la rue Mercière, un appartement de 3 pièces et cabinet ; c'est tout ce qu'il nous aurait fallu dans le cas très probable où, si j'ai des élèves chez moi, ce ne sera qu'un ou deux et pour ainsi dire en cachette. Si la chambre dont tu me parles était tout à fait indépendante et qu'il en restât une plus jolie pour toi, il nous serait bien avantageux de la sous-louer ; mais cela s[erait] peut-être difficile sans commo[dité.] Je te raconte tout cela pour te dire toutes mes pensées. Je ne rêve depuis hier qu' appartement . Je me rappelle de ceux dont nous[1074] n'avons point voulu dans le temps où il y en avait un si joli dans la rue des Trois-Carreaux, et où nous cherchions une chambre pour mes élèves et une pour maman.

Je t'ai dit dans ma lettre de ce matin ce que MM. Delambre et Villars ont dit de moi au père de Barbier. Je les irai voir demain et je te dirai ce qui résultera de cette visite. Je vais travailler à mon mémoire que j'achèverai décidément aujourd'hui avant de me coucher. Dors bien, ma bonne amie, et pense à celui qui ne vit que pour t'aimer.

Du vendredi [11 mars] M. Pont envoie chercher ma lettre. Je t'embrasse mille et mille fois. M. Delambre m'a dit qu'il allait porter lui-même son travail à Paris et qu'il se chargeait de me faire nommer.

A Madame Ampère, chez Mme Carron, rue du Griffon, à Lyon.

Please cite as “L230,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 27 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L230