To Jean-Baptiste Delambre   3 avril 1803

[779] Bourg le 13 germinal, an XI [3 avril 1803]

Monsieur, Si je ne me flattais que vous ne doutez pas de la reconnaissance que m'a inspirée l'intérêt que vous m'avez toujours témoigné, cette lettre ne serait \[illisible]/ pleine que des remerciements que je vous dois, et du choix que vous avez bien voulu faire de moi pour la place que vous me destinez, et de la promesse que vous m'avez faite de présenter à l'Institut mon mémoire sur l'application à la mécanique des formules du calcul des variations. La copie que j'en ai fait faire parce que j'écris trop malpour le présenter écrit de ma main, a exigé plus de temps que je n'aurais cru. Celui qui l'a faite, \[illisible]/ sachant peu de mathématiques, il y avait beaucoup de fautes qu'il a fallu corriger \beaucoup^de fautes/ C'est pour cela que[780] je n'ai pas pu vous la faire remettre plus tôt .

J'ai un autre service à vous demander, Monsieur : je pensais avec quelque appréhension qu'il faudrait en prier le secrétaire de la classe de mathématiques, avant que j'eusse appris que ce serait vous, Monsieur, à qui il faudrait m'adresser. Quand vous me dites que vous alliez remplir cette place, je me flattai que vous ne me refuseriez pas de remplacer les trois exemplaires erronés de mon mémoire sur la théorie mathématique du jeu * qui sont à la bibliothèque de l'Institut et entre les mains du président et de M. de Laplace par les exemplaires corrigés que vous trouverez dans le paquet joint à cette lettre. Je désirerais que les trois exemplaires fautifs fussent renvoyés par la poste sous bande à MM. Périsse, imprimeur-libraire, grande rue Mercière, n° 15, à Lyon. Vous trouverez \Je mets aussi/ dans le même paquet[781] un quatrième exemplaire. Si vous parlez de moi à M. de Lagrange, comme vous me l'avez fait espérer, auriez-vous encore la complaisance de le lui remettre comme un hommage de mon admiration pour ce grand homme, à qui je n'oserais l'offrir si vous ne daigniez être mon interprète ? Je vous demande mille pardons, Monsieur, de tout l'embarras que je vous cause. Il faut que je compte bien sur votre indulgence. Mon mémoire, à la vérité, a obtenu votre suffrage dans une lecture rapide à la Société d'émulation de Bourg ; mais je ne sais s'il pourra supporter un examen plus sévère.

Peut-être ai-je mal fait de m'y servir d'une formule de mon invention qui se trouve dans le petit mémoire que je vous avais remis à Lyon. J'ai toujours regardé cette formule comme de peu[782] d'importance ; mais elle n'a pas laissé de m'être très utile pour simplifier le calcul dans l'endroit où je l'ai employée. Comme j'ai à présent plus de temps libre que je n'en ai eu de ma vie, j'ai commencé un troisième mémoire dont le sujet me fait espérer quelque chose de mieux que ce que j'ai fait jusqu'à présent. Quel prix plus flatteur pourrais-je attendre de mon travail si je voyais un jour quelques-uns de mes petits ouvrages insérés, en tout ou par extrait, dans le recueil où l'Institut réunit des mémoires de savants qui lui sont étrangers. C'est à vous, Monsieur, proemium et dulce decus meum, que je devrais cet avantage inappréciable ; ce sont les éloges que vous avez eu la bonté de me donner qui ont excité en moi le désir de les mériter. Permettez-moi, Monsieur, de vous renouveler mes remerciements de tout ce que vous avez bien voulu faire pour moi, et daignez agréer, Monsieur, l'hommage d'une éternelle reconnaissance. A. AMPÈRE

Please cite as “L238,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 24 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L238