To Antoinette Carron (mère de Julie)   10 mars 1799

[18] Lyon le 10 mars 1799
Madame

[hand: André-Marie Ampère]Toujours de nouveaux titres à ma reconnaissance. J'ai reçu avant-hier [l]a lettre que vous avez fait l'honneur [d]e m'écrire. Comme elle était attendue avec impatience ! Que j'avais besoin de ce secours pour me faire trouver le temps moins long ! Il coule si lentement loin de vous Madame, et de Mademoiselle votre fille ! Hélas ! Je viens d'apprendre que mon exil est encore prolongé. M[onsieu]r Brac qui sort d'ici, vient de m'ordonner une médecine pour mercredi : ce qui m'ôte l'espérance de pouvoir aller à la campagne avant samedi. Il faudrait[19] avoir passé comme moi quinze jours loin de tout ce qui m'attache à la vie, pour avoir une idée de ce que ce retard va me faire souffrir. Que deviendrais-je sans le talisman ! Il deviendra ma seule consolation, il me rappellera le bonheur qui m'est destiné, celui qui m'atten[d] samedi à S[ain]t-Germain. Je le re[lis] tous les jours, et j'arriverai enfin au terme de mes peines. Je vous demande pardon, Madame, de vous entretenir sans cesse de moi-même ; ce sujet doit être bien peu intéressant ; mais il faut bien pardonner quelque chose à un cœur déchiré d'une si longue absence. Puissé-je trouver auprès de vous l'indulgence qu'une mère a pour son fils, comme j'éprouve les sentiments du fils le plus tendre et le plus reconnaissant. Permettez,[20] Madame, que je continue à prendre un titre qui est le gage de tout le bonheur que j'espère goûter dans cette vie. C'est avec ces sentiments que je vous prie, Madame, d'agréer les vœux que forme pour votre [f]élicité et celle de toute votre famille, le plus respectueux, le plus soumis et le plus reconnaissant de tous vos enfants . A. AMPÈRE

Je me suis acquitté des commissions dont vous aviez eu la bonté, ainsi que Mademoiselle votre fille, de me charger pour ma tante ; elle se flatte que vous ne doutez pas de ses sentiments et que vous devinez tout ce qu'elle me charge de vous dire de sa part : Daignez la rappeler ainsi que moi au souvenir de Mlle élise

A Madame Carron, à S[ain]t-Germain au Mont d'Or.

Please cite as “L24,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L24