To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   14 avril 1803

[126] Bourg du jeudi [14 avril 1803]

Je viens de recevoir ta lettre, ma charmante amie, oh comme elle m'a fait bien plaisir. Comme tu \me/ dis de jolies choses de \sur/ la manière dont nos cœurs se correspondent et s'entendent ! C'est là mon \mon/ bonheur et je ne dois pas me plaindre de mon sort. Tu me dis de relire mon portefeuille. Je n'ai plus à délibérer à présent ; la réponse du conseiller d'état Fourcroy est arrivée hier. Il remercie les professeurs de leur zèle à continuer, mais \et / les invite à cesser leurs fonctions pour lesquelles le gouvernement ne peut \plus/ leur tenir compte de rien absolument. Tous les professeurs cessent aujourd'hui. Tout le monde est d'avance si[127] persuadé de mon prochain départ qu'on a arrangé mon \l'/inventaire du \de mon/ cabinet de physique pour demain. MM. Dupras et Olivier ont pris tous leurs arrangements comme étant sûrs \conséquence/ de mon départ. Je ne puis rester, \sous aucun prétexte /quand je le voudrais, sous aucun prétexte, à moins de faire dire que je ne sais où trouver de quoi manger. Cela, d'ailleurs, vient bien à propos pour mon ouvrage ; il n'y a plus qu'à rédiger, qu'à récrire ; on fait toujours cela sans choisir ses moments  ; on n'a pas besoin de l'inspiration qu'il faut pour inventer. Toute ma matinée et deux heures de l'après- dîner [128] étaient prises par mes leçons. J'aurai tout mon temps à Lyon, ou encore mieux à la campagne 1. J'espère que la rougeole n'y sera plus si forte la semaine prochaine. Il faut partir au reste, quand ce ne serait que pour le qu'en-dira-t-on. Je t'embrasserai dans quelques jours ; je n'ai plus à faire que cet inventaire et mes paquets ; les faire porter chez Pochon et partir. Je ne sais pas précisém[ent] le jour, mais je pense aux premiers de la semaine prochaine. Mes paquets partiront mercredi. Je serai déjà à [129] \[illisible]/ Lyon, auprès de ma Julie, pour toujours ; quel bonheur ! Si tu ne reçois plus de lettre de moi, c'est que j'irai encore plus tôt et que je mettrai tout mon temps aux préparatifs du voyage. La lettre n'arriverait qu'après moi.Mme de Lalande a écrit à une dame de Bourg qu'elle savait de bonne part que MM. Clerc et Mermet étaient placés à Moulins et moi à Lyon. Mon amie, mon amie, nous ne nous quitterons plus ! J'ai reçu à temps dimanche ton paquet par la poste.

A Madame Ampère, chez Mme Carron, rue du Griffon, n° 15, vis-à-vis la rue Terraille, à Lyon.
(2) Le 16 mai 1803, Ampère présenta ce second mémoire à l'Institut sur l'intégration des équations différentielles.

Please cite as “L244,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 29 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L244