To André-Paul Saint-Rousset   13 juin 1803

24 prairial, an 11 [13 juin 1803]

Monsieur, La protection éclatante que vous accordez à tout ce qui peut contribuer à l'utilité et à la gloire de cette ville, et votre bienveillance pour ceux qui en font l'objet de leurs travaux, m'ont fait espérer que vous recevriez avec bonté la demande que je viens vous faire. Le gouvernement a privé en général les professeurs des lycées qui seraient mariés du logement qu'il a accordé aux autres, en déclarant qu'ils ne pourraient habiter l'enceinte des bâtiments destinés aux élèves. Cette loi devait paraître trop dure envers des pères de famille réduits à un traitement très médiocre pour qu'on ne cherchât pas à l'adoucir dans les villes où la disposition des bâtiments occupés par les lycées permettrait de leur accorder des logements hors de cette enceinte.

Vous savez, Monsieur, que je suis un des trois professeurs mariés du lycée de Lyon ; il doit être établi au grand collège, et la façade qui règne au long du Rhône présente une longue suite d'appartements dont une partie est destinée au proviseur et au procureur du lycée. Le reste est occupé par des locations. Le sacrifice d'une petite partie de ces locations suffirait pour que tous les professeurs pussent être logés. Mais je sens qu'ils ne peuvent espérer cette faveur que de la bienveillance du corps municipal de Lyon, ou plutôt de la vôtre seule, Monsieur, puisque le lycée se trouve dans l'arrondissement du Midi et que c'est par vos soins qu'il a reçu tous les secours nécessaires pour qu'on puisse y travailler efficacement à faire cesser le chaos et la nullité où la Révolution avait plongé l'instruction publique. Quelle reconnaissance ne vous doivent pas tous ceux qui s'intéressent au succès de cet établissement ! La mienne ne sera point diminuée lors même que vous ne pourriez, dans cette circonstance, rien faire en ma faveur : mais je vous prie, Monsieur, de considérer la position où je me trouve. Absent de Lyon pendant 15 mois, je me trouve sans logement et privé des ressources des autres professeurs mariés qui n'ont point quitté cette ville.

Daignez agréer, s'il vous plaît, l'hommage du respect et de la profonde estime avec laquelle j'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. A. AMPÈRE

à M. Sain-Rousset, maire de la division du Midi, à Lyon

Please cite as “L246,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L246