To François Clerc   1805

[1805]

Mon cher ami, j'ai beaucoup de reproches à me faire de ne vous avoir pas écrit plus tôt. Mais j'attendais d'avoir quelque chose à vous mander sur le second article de votre lettre, sur celui qui est relatif à la nouvelle organisation de l'Université ; car, à l'égard du premier, sur la manière dont vous seriez payé, on m'a répondu que tout avait été réglé conformément à ce que vous pouviez désirer, et qu'on avait répondu à votre réclamation. On m'a dit aussi que le retard des paiements des honoraires des professeurs était également forcé pour tous par le manque de fonds, qu'on ne pouvait, à ce sujet, faire exception à l'égard de personne, mais que vous recevriez l'arriéré avec les autres à mesure qu'on pourrait payer.

Pour ce qui est de la nouvelle organisation de l'Université, j'ai eu beau faire, je n'ai pu me procurer aucune sorte de renseignements. J'en suis aussi inquiet que vous et, pour dire la vérité, j'ai bien plus à craindre. L'important pour vous est que cette organisation vous trouve en fonction, chargé du plus de travail possible. Dans un pareil moment, c'est une bonne fortune d'être chargé de trois cours. Je ne vois aucune possibilité que vous perdissiez rien aux modifications que peut éprouver l'instruction publique. Je voudrais avoir la même certitude pour moi-même.

M. Lacroix n'a point encore publié son troisième volume, je ne sais pas quand il paraîtra. M. Beauregard m'a écrit pour que j'appuyasse une demande de retraite qu'il a adressée à la Commission de l'Instruction publique. Je crois qu'une pareille demande est tout ce qu'on peut faire de plus impolitique dans ce moment-ci. Tout ce que j'ai pu faire a été de parler à M. de Mussy de l'intérêt que je porte à M. Beauregard. Comme j'ai été longtemps retenu et que je le suis encore dans ma chambre par un rhume le plus violent que j'aie eu de ma vie, je n'ai pu m'informer de ce qui est résulté d'une démarche qui me paraît si inconsidérée. Comme je lui suis très attaché, je vous prie de me rappeler à son souvenir, et de m'excuser auprès de lui de ce que je n'ai pu lui répondre ; le temps m'a manqué absolument pour le faire, ma table est couverte de lettres auxquelles il m'a été impossible de répondre.

Adieu, mon cher ami, je vous aime et vous embrasse de tout mon cœur. A. AMPÈRE

à M. Clerc, professeur de mathématiques et de philosophie au Collège royal de Lyon , à Lyon (Rhône)

Please cite as “L259,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L259