To Julie Carron-Ampère (1ère femme d'Ampère)   23 avril 1800

[1530] Mercredi matin [23 avril 1800?]

[hand: André-Marie Ampère]J'ai soupé hier soir chez ton frère, ma bonne amie ; je fus le voir par une pluie à verse parce que je croyais qu'il devait partir aujourd'hui 1 ; mais ce ne sera que demain d'après ce qu'il me dit, et je pense que ce n'est pas encore parfaitement fixé. Je ne sais pas si tu as entendu parler de l'enlèvement de Mlle Adélaïde Oriole, que Mme Carron connaît, par M. Bell. Il y a trois jours qu'elle s'est sauvée avec lui, et l'on dit ce matin qu'elle a été arrêtée hier et ramenée à ses parents . Voilà une des nouvelles du jour. Je n'ai pas encore pu voir ta sœur ; j'y passerai ce soir en allant chez M. Couppier qui est venu ce matin m'inviter à souper.[1531] Je voudrais bien, ma douce amie, ma bonne Julie, pouvoir t'aller voir ce soir. C'est aujourd'hui que j'aurais fait le voyage si tu me l'avais permis. Ma lettre, plus heureuse que moi, le fera à ma place ; j'espère qu'elle te dira demain que l'on t'aime bien à Lyon, que celui que tu as rendu le plus heureux des hommes pense sans cesse à sa Julie et à ce qu'il lui doit. Je t'écris pendant la leçon de M. Champ et de ses camarades qui murmurent des distractions que me cause une si douce occupation. Hélas ! il faudra bientôt te quitter[1532] pour m'occuper d'eux ; ce sera quelque chose de bien pénible pour moi, mais qui le serait d'avantage si, d'un certain côté, ce n'était pas aussi m'occuper de toi que de leur donner mes soins. Adieu, ma bonne amie, ma bienfaitrice. Adieu. il faut encore passer bien des jours loi[n] de toi. Je les adoucirai un peu en pensant que tu m'aimes toujours et que tu t'amuses à la campagne. Dis mille choses de ma part à tous ceux qui t'entourent et aux dames Sarcey. Je finis en t'embrassant comme je t'aime. Ce ne peut être avec plus d'amour. Adieu, ma bienfaitrice, celui qui t'aimera toujours. A. AMPÈRE.

[1533]A Madame Julie Ampère chez Mme Carron, à S[ain]t-Germain-au-Mont-d'Or.
(2) François Carron partait pour Paris.

Please cite as “L32,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 27 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L32