To Claude-Julien Bredin   novembre 1807

[Novembre 1807?]

Nous voici aujourd'hui dans l'appartement arrêté par Degérando, rue Cassette. Tout y est à souhait : vue gaie, place suffisante, proximité des promenades et des églises. Ma position ne sera ni si bonne que je l'avais cru d'abord, ni si mauvaise que me l'annonçait cette lettre reçue le jour où je fus chez toi avec M. Daburon. J'espère pouvoir fournir à tous les frais nécessaires et procurer à ma famille une existence facile.

En arrivant j'ai été voir ma petite Albine : sa santé est parfaite ; je la trouve jolie ; elle a été vaccinée une seconde fois avec succès. Je regretterai longtemps les derniers beaux jours que je viens de passer à Lyon. Ils étaient souvent pleins de mélancolie, mais bien doux. Que l'automne est charmant ! Maintenant c'est l'hiver flétri et glacé. La campagne renaîtra ; pour moi il n'y aura plus de printemps ; les châteaux en Espagne même ne me le ramèneront pas. Que penses-tu de la situation de Ballanche, de l'état de son âme ? Il y a pourtant des esprits qui croient que l'homme peut n'exister que pour cette triste vie, que ses sentiments et sa raison doivent lui suffire. Mais, sur ce sujet, je n'en finirais pas.

Jean-Jacques est venu me réciter un verbe latin, tout à l'heure. Il veut que je dise qu'il te baise bien fort et Bonjour aussi. Il t'a écrit, mais je ne t'envoie pas sa petite lettre ; car il n'y a que lui au monde qui puisse la lire. Adieu.

Please cite as “L338,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 24 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L338