To François Carron (frère de Julie)   22 janvier 1808

[806] Vendredi 22 janv[ier] [1808]

Que te dirai-je, mon pauvre frère, qui puisse porter quelques consolations dans ton âme, lorsque j'en aurais tant besoin pour moi-même ? Si du moins je t'avais trouvé hier, je n'aurais pu adoucir tes chagrins, mais nous aurions pleuré ensemble. Tu aurais peut-être pu me donner des nouvelles de ta pauvre mère qui doit être bien accablée. Je viens d'écrire à Marsil pour en savoir. Maintenant je ne pourrai plus te voir d'ici à dimanche.

Je voudrais bien aussi savoir des tiennes. Je t'en prie, ménage-toi et cherche à te distraire ! Car, un peu malade comme tu étais déjà, si tu n'as pas soin de ta santé, je craindrais que les chagrins de toutes sortes ne finissent par te rendre tout de bon malade. J'en ai bien aussi de toutes sortes, des[807] chagrins : tu sais bien aussi combien je dois sentir vivement ce nouveau malheur ! Notre pauvre sœur avait tant aimé celle dont le souvenir et la perte feront le tourment de toute ma vie. Il me semble voir disparaître tout ce qui peut m'attacher à la vie. Ma seule consolation est dans la bonne santé de mon pauvre petit enfant qui se porte toujours à merveille. Mais ma pauvre mère a pris hier un rhume extrêmement violent. Je sais bien que ce n'est pas une chose dangereuse, mais je souffre de la voir souffrir.

Adieu, mon pauvre ami, mon bon et tendre frère, je t'embrasse bien tendrement, mais de toute mon âme. Ton frère et ton ami, A. AMPÈRE

Please cite as “L344,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 25 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L344