To Claude-Julien Bredin   mars 1808

[Mars 1808?]

A l'occasion d'un établissement où l'on doit loger et nourrir des vieillards, un calcul sur les probabilités de la longévité humaine était nécessaire. M. Delambre me l'a demandé au nom du Conseil d'état. Je n'ai pu refuser ce surcroît de besogne, toujours fait aux dépens de mon sommeil.

Vous me reprochez tous de ne pas mettre mes affaires en règle, je vous jure que je ne néglige rien. Malgré mes efforts je suis aussi avancé que le premier jour : on pousse si loin l'art de traîner les choses en longueur. Si notre cher Ballanche ne réussit pas, j'éprouverai une peine profonde. Nous voulons absolument aller chercher le bonheur au milieu des obstacles ! Je viens de lire le Mont Ceindre. Serait-il possible que celle qui l'a écrit sous les yeux de Dieu fut malheureuse ? 1

Ballanche m'adresse des lettres courtes où je n'apprends rien de ce qui m'intéresse le plus. Les tiennes, pleines de sentiments élevés, de réflexions philosophiques, ne me fournissent pas davantage les renseignements dont j'ai besoin sur toi et sur lui ! Ah, je suis justement puni de vous avoir quittés par cette triste et pénible ignorance de ce qui vous touche. Adieu, mon petit te baise bien fort.

(2)L'ermitage du Mont Ceindre, près Lyon, récit d'une jeune fille de 16 ans, Bertille d'Avèze, que Ballanche faillit épouser en novembre 1807 et qui, le mariage ayant été rompu, épousa le fils aîné du Vicomte de Bonald (voir JOSEPH BUCHE, L'École mystique de Lyon, p. 106).

Please cite as “L347,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 26 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L347