To Claude-Julien Bredin   30 mai 1808

[30 mai 1808?]

Cher ami, cet arrêt prononcé par la Cour m'autorise à faire ramener ma femme chez moi juridiquement. Ce premier point gagné est sans doute d'une immense importance ; mais, je le répète, je n'en suis pas moins malheureux et encore indécis sur l'usage que je ferai de cet arrêt vis-à-vis de Mme Ampère. Je ne l'ai pas été vis-à-vis de ma charmante petite fille, dont le sort me jetait dans de perpétuelles inquiétudes, redoutant qu'elle ne me fût enlevée. Je prenais une foule de précautions, suggérées par les craintes de ma pauvre maman. Précautions et craintes chimériques : on n'a fait aucune tentative pour me disputer mon enfant. La nourrice a un peu pleuré en voyant partir sa petite : j'ai prié son mari de porter chez M. Potot la lettre dont je t'envoie la copie ; elle t'apprendra ma conduite mieux que bien des discours.

Ballanche et Bonjour doivent seuls être instruits de ces tristes détails. Depuis longtemps je n'étais plus capable d'écrire deux lignes de suite. L'arrivée de ma fille me laisse respirer. Je vais dire à mes amis qu'ils tiendront toujours une grande place dans mon cœur.

Please cite as “L352,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 28 March 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L352