To Claude-Julien Bredin   mars 1809

[Mars 1809]

Maman est enchantée de tes projets de Poleymieux ; oui, enchantée. Si tu savais avec quel empressement elle cherchait dans sa tête ce qui pouvait te manquer : des rideaux, des meubles, etc., etc. Bien loin de nous embarrasser, c'est une joie de penser que cette maison pourra être habitée par toi, ta femme et tes jolis enfants ; une véritable satisfaction pour ton ami de te sentir chez lui, en ce lieu où il a passé de si doux moments. Non seulement la santé des tiens s'y fortifiera ; mais une absence de quelques mois éteindra dans le cœur de ta mère ces germes de mauvaise humeur qui s'aigrissent par une continuelle présence. Peut-être cette circonstance, si agréable pour nous, aura-t-elle une influence salutaire sur la paix de ta vie... Rien n'est cher à Poleymieux ; notre granger te fournira les productions de la terre, lait, fruits, légumes, etc., etc. Ce sont de si braves gens, ces grangers ! Que je suis aise qu'ils puissent avoir un petit débouché pour une partie des choses que nous leur avons cédées !

Cher ami, tu me parles de location ; oui, quand tu m'auras dit ce que je te dois pour avoir été logé, chauffé, blanchi et presque nourri chez toi dans mes voyages à Lyon. Si tu acceptes Poleymieux, M. l'Inspecteur général ira bonnement s'installer dans la petite chambre où il se trouve si bien ; sinon il se logera en hôtel garni à sa première tournée. Tu sais que l'attente de ce que je désire devient un tourment. Quand tu m'auras promis, je jouirai en paix du bonheur de t'avoir donné cette petite marque de reconnaissance. Il me semble que la Providence jette sur moi des regards moins sévères depuis une longue conversation que j'eus avec Tesseyre.

Please cite as “L354,” in Ɛpsilon: The André-Marie Ampère Collection accessed on 20 April 2024, https://epsilon.ac.uk/view/ampere/letters/L354